Quatorze ans, un millésime suffisant pour établir un bilan ? Oui et non : trop court pour l'affirmation, assez cependant pour dire ce qui a changé ! Telle est la Tunisie de Ben Ali : dans le même temps fuyante et ouverte. Au moment où la Tunisie célèbre le quatorzième anniversaire de l'accession au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali, que peut-on, en fait, dire de son passage à la tête de l'Etat? D'abord que s'est-il passé le 7 novembre 1987 à Tunis? Coup d'Etat qui a déposé le vieux président Habib Bourguiba comme le supputent d'aucuns? Ou, a contrario, une libération de responsabilités devenue nécessaire, comme le soutiennent les légalistes, du vieux Combattant suprême dont l'incapacité de gérer les affaires de l'Etat était manifeste. Souvent malade, éloigné de plus en plus de la gestion du pays entré en déliquescence, Bourguiba, qui avait le respect du peuple tunisien, n'en était pas néanmoins la cause directe, par son immobilisme, - d'aucuns affirment sa sénilité -, du marasme économique dans lequel se débattait la Tunisie. La Révolution de Jasmin, comme on l'appelait à Tunis, devait remettre les choses à l'endroit. C'était en fait, ce que les Tunisiens attendaient de la nouvelle équipe au pouvoir, et, dans le même temps, le programme avoué du président Ben Ali. Aujourd'hui quatorze ans après, les faits semblent donner largement raison à ceux qui voulaient insuffler un nouveau dynamisme à un pays dont les atouts et potentiels méritaient un autre sort que la stagnation dans laquelle la Tunisie s'était confinée. Cette restructuration du pouvoir politique en Tunisie devenait, en fait, incontournable. Le monde autour de la verte Tunis a changé, il fallait marcher avec son temps. C'est ce qu'a compris, Zine El Abidine Ben Ali, à l'époque Premier ministre, et de fait bien placé pour prendre les mesures des déperditions sociales, économiques et commerciales de son pays et l'urgence qu'il y avait y mettre un terme. Ce sont tous ces paramè- tres qui sont à la base de l'avènement du 7 novembre 1987. Il ne s'agit donc nullement de juger une action, mais d'en comprendre les motivations qui étaient indubitables. Cela s'est exprimé tout au long de ces années par une restructuration horizontale du secteur économique. Ce qui a permis de régénérer une économie en besoin de renouvellement dynamique. Le réaménagement de la fiscalité et des taxes douanières a assuré le reste. C'est peu de dire qu'en quatorze années la Tunisie a rattrapé les retards cumulés. Il fallait donc travailler en profondeur et redonner aux Tunisiens la possibilité de croire en leur pays. Tâche à laquelle s'est attelé le président Ben Ali qui n'hésita pas à s'impliquer directement dans la prise en charge de dossiers récurrents comme ceux de la déperdition scolaire, du logement, de la mal vie tous secteurs stratégiques qui obéraient un développement équilibré. De cela, les Tunisiens continuent de témoigner. De fait il fallut sérier les priorités: scolariser les enfants, ouvrir des postes d'emploi pour les travailleurs - le chômage est en régression indique-t-on de sources proches du ministère tunisien du Travail - (re)construire le tissu social. Autant de choix qui vont dans le sens d'une amélioration des conditions de vie de la majorité. Il est vrai maintenant que ces choix, au demeurant ceux du président Ben Ali, aient pu induire des restrictions à la liberté ou aux droits de l'homme. Cela ne saurait pour autant remettre en cause le travail en profondeur réalisé ces dernières années, par l'équipe du président Ben Ali, pour redynamiser le pays tous secteurs confondus à la satisfaction manifeste des Tunisiens qui demandent à M.Ben Ali de briguer un quatrième mandat. Il est patent qu'il reste du travail à accomplir notamment dans les espaces de la liberté d'expression et de l'information. Mais ne fallait-il pas encore arrimer en priorité la Tunisie à la modernité par la remise aux normes de son secteur industriel et agricole? Cela rimerait à quoi les droits de l'homme lorsque le citoyen n'a pas à travailler, à se loger et loger sa famille, à nourrir ses enfants et les scolariser? La Tunisie, comme d'ailleurs la majorité des Etats africains, est un pays en voie de développement. Aussi les urgences étaient-elles ailleurs. Personne, en fait, ne gagnerait à brûler les étapes. Les libertés et les droits sont certes importants et indispensables à l'épanouissement de l'homme. Mais dans un pays où tout était à construire les choix et priorités peuvent être autres. Mais le débat qui date de bien avant Platon n'est pas près de se clore. Fondements des droits citoyens, les libertés sont une longue controverse ouverte depuis que l'homme a appris à palabrer. Aussi voici des faux procès qui n'ont pas empêché la Tunisie de Ben Ali d'aller de l'avant.