Réconciliation nationale, corruption et pacte social ont été au menu des interventions des sénateurs. Le Chef du gouvernement, Ahmed Oyahia, n'aura pas beaucoup de mal à répondre aux sénateurs lors de la clôture des débats, prévue aujourd'hui, dans la matinée. Les interventions des sénateurs, pendant ces deux jours de discussions, n'ont pas atteint les sommets en matière d'enrichissement au projet du texte gouvernemental. Comme les députés, la semaine dernière, les élus de la chambre haute, ont, dans la majorité, sombré dans les louanges et les salamalecs. La cinquantaine d'intervenants ont loué les mérites de la «réconciliation nationale» et apporté leur soutien au programme de Ouyahia. Hier, et lors de la deuxième journée consacrée aux débats, les chefs de groupes ont exhorté le gouvernement à redoubler d'efforts sur le terrain pour concrétiser le programme présidentiel. Il a fallu attendre la prise de parole de Tahar Zbiri, sénateur du tiers présidentiel, pour faire sortir de leur torpeur les membres de l'exécutif qui ont tous prêté une attention particulière aux paroles de cet ancien colonel de l'ANP. Son intervention s'est axée sur le phénomène de «corruption» et les «dangers» qui peuvent en résulter si l'Etat ne s'engage pas suffisament dans la lutte contre ce fléau. «Il faut faire attention à ce que l'Algérie ne devienne pas un pays de transit ou un déversoir des produits acheminés grâce aux réseaux de la corruption. Le président Bouteflika l'a dit à la salle Harcha , si je ne suis pas élu, je rentre chez moi. S'il part, il laissera les groupes de pression qui s'agitent comme des chacals pour mettre en pièces le pays. On a vécu des moments étranges et difficiles à la fois depuis l‘indépendance mais la période dans laquelle nous vivons est faite de corruption et de tchipa, on ne peut pas vivre longtemps avec cette situation.» Il s'adressera ensuite au chef du gouvernement pour lui rappeler la «confiance» du peuple qu'il ne «faut pas gâcher» et l'exhorte à mettre «tous les moyens» pour combattre la corruption. Selon cet intervenant, si Bouteflika s'est beaucoup dépensé jusqu'à en être fatigué, c'est pour barrer la route «aux chacals qui lui tournent autour». A la fin de son intervention longuement applaudie, il lancera à Ouyahia : «Vous êtes condamnés à aller de l'avant car notre peuple n'est pas facile.» Un autre sénateur du tiers présidentiel, Mohamed Mekhloufi demandera au chef du gouvernement de «clarifier le contenu politique de la réconciliation nationale». Zohra Bitat, quant à elle, a insisté auprès d'Ouyahia pour revoir le code de la famille. Les quatre chefs de groupes au sénat sont intervenus tout de suite après la fin des interventions des sénateurs pour rappeler tous ensemble au chef du gouvernement l'immense espoir qui s'est manifesté à travers le pays après la victoire de Bouteflika. Le chef du groupe du FLN, Boulesnane, qui a remplacé Kamiri, a mis en relief le rôle de l'alliance présidentielle dans la victoire de Bouteflika et appelé le Chef du gouvernement à traduire dans les «faits» la politique de réconciliation nationale. Le représentant du tiers présidentiel, Mohamed Boukhalfa a interpellé Ouyahia sur la nécessité de parachever les grandes réformes dans le domaine de la justice, sur la réforme de l'Etat, le système éducatif et les réformes économiques surtout celles liées à la privatisation et à l'investissement. Il s'attaquera au phénomène de la corruption et dira que toutes les sociétés aux monde ont «besoin d'un Etat de droit et d'un Etat qui respecte les droits». Il mettra en garde le gouvernement sur les «conflits sociaux» qui peuvent survenir et pour éviter les «crises futures» consécutives aux «sommes astronomiques» qui seront mises en jeu dans le cadre des investissements à venir. Il proposera la signature d'un pacte social et économique avec tous les partenaires sociaux. La fuite des capitaux à l'étranger doit interpeller le ministre de l'Intérieur et celui des Finances, a estimé ce sénateur qui a indiqué à cet effet, que les «méthodes» qu'utilisent ces personnes sont «connues» de tous.