N'ayant pas la prérogative de voter le Plan d'action du gouvernement, les membres du Conseil de la nation vont, quand même, lever la main. Ils ont décidé, conformément aux dispositions de l'article 80 de la Constitution (celle de 1996 amendée en novembre dernier), de proposer et de voter, aujourd'hui, une motion de soutien au plan du gouvernement proposé à débat au niveau du Sénat depuis lundi dernier. Le document, indique le sénateur du tiers présidentiel Abderrezak Bouhara, a été préparé hier à l'issue des débats sur le plan présenté par le premier ministre, Ahmed Ouyahia. Le vote de cette motion, qui renforcera le quitus donné jeudi dernier par les députés de l'APN à Ahmed Ouyahia, vient dans la logique des débats caractérisés par un soutien tous azimuts au gouvernement et au programme du président Bouteflika. Les interventions des sénateurs n'ont pas été tronquées de la phrase « magique » confirmant ainsi l'unité de pensée « qui s'est installé dans les deux chambres du parlement ». « Nous félicitons le gouvernement pour son passage réussi à l'APN et pour ces efforts pour la réalisation du programme du président », clament tous les intervenants devant le « maître » du moment, Ahmed Ouyahia, qui prenait tranquillement note. Epaulé à gauche par le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, et à droite par le ministre d'Etat sans portefeuille, Abdelaziz Belkhadem, le Premier ministre ne semble guère inquiété. Il transcrit sur une feuille blanche toutes les remarques des sénateurs pour préparer une réponse qu'il doit donner aujourd'hui. Cela tout en faisant des hochements de la tête pour remercier chacun des intervenants. Suggestions et « Félicitations » Au-delà, les préoccupations émises ne sont pas nouvelles. Il s'agit en premier lieu de la crise financière mondiale et de la nécessité de bâtir une économie hors hydrocarbures forte. En effet, les membres de la chambre basse du Parlement insistent sur l'obligation de libérer l'économie nationale de sa dépendance au secteur des hydrocarbures. Ils suggèrent, dans ce sens, « la prise en charge immédiate des secteurs alternatifs dont l'industrie, l'agriculture et la petite et moyenne entreprises ». « Nous devons développer d'autres secteurs et d'autres énergies si nous voulons réellement éviter les retombées de la chute des prix du pétrole sur les recettes du pays », lance un des sénateurs. Le développement de l'agriculture, la protection des terres agricoles, le tourisme et l'encouragement des PME étaient également au centre des débats. D'autres intervenants appellent aussi à « hâter la réalisation des programmes de logement, des routes et l'éradication de l'habitat précaire ». Ces interventions ont préparé ainsi le terrain aux chefs des groupes parlementaires, au Sénat de conclure à l'impératif de parachever, dans les plus brefs délais, les projets lancés. « Les félicitations » figurent aussi dans les interventions des chefs des groupes parlementaires qui, à raison de 15 minutes chacun, louent « les réalisations enregistrées depuis 1999 dans le cadre du programme du président de la République ». C'est le chef du groupe parlementaire du FLN, Ahmed Hanoufa, qui a ouvert « le bal » pour saluer les nombreux projets lancés, tout en « appelant à rattraper les retards dans la réalisation de certains d'entre eux ». Son collègue du RND, Nacer Boudèche, a parlé de « l'urgence de la modernisation de l'administration et de la consolidation du rôle de l'Etat dans le secteur économique ». Le représentant du MSP, Mohamed Hafed Bouzekak, lui, adopte le même discours que son camarade du FLN en appelant à rattraper les retards dans la réalisation des projets et lutter contre la corruption. Quant à Zahia Benarous, chef du groupe parlementaire du tiers présidentiel, elle a passé en revue les réalisations obtenues grâce au programme du président depuis 1999. En l'absence des deux sénateurs du RCD, la question de la prochaine présidentielle n'a pas aussi suscité de préoccupations particulières chez les membres du Conseil de la nation… « En somme, tout va bien madame la marquise. »