Photo : Riad Par Ali Boukhlef Pour rester sur sa lancée, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a poursuivi la deuxième partie de son exercice oral devant le Parlement en s'adressant, hier matin, aux membres du Conseil de la nation auxquels il a présenté le plan d'action de son gouvernement. Mais, contrairement à la Chambre basse, le Premier ministre sait qu'au sein de l'institution présidée par Abdelkader Bensalah l'exercice est beaucoup plus facile. Il a d'ailleurs expédié son exposé en quelques minutes pour permettre aux sénateurs, apparemment peu nombreux à se bousculer pour faire entendre leurs voix, de se conformer au rituel des débats. Mais, à tout seigneur tout honneur, l'homme a fait son discours ; exactement le même que celui présenté une semaine auparavant devant les députés, à une virgule près. Ouyahia a juste pris le soin, avant de quitter la tribune, de reconnaître qu'une fois n'est pas coutume, son plan d'action ne comporte pas de chiffres. La raison en est, pour l'orateur, le fait que le texte est un résumé et qu'il aura le loisir de présenter les détails, secteur par secteur. Pour le contenu, Ouyahia a, bien entendu, résumé les promesses électorales de Abdelaziz Bouteflika. Il s'agit du renforcement et de la poursuite de la réconciliation nationale, de la création de trois millions d'emplois et du renforcement des attributions de l'Etat en matière de contrôle. Il a également insisté sur la protection des symboles de la nation et la réhabilitation des Patriotes. Les débats qui ont suivi-une vingtaine d'interventions en tout- ont manqué de punch. Mais les interventions des sénateurs du sud du pays ont attiré l'attention. Au moins quatre parlementaires des wilayas du Sud, essentiellement de Ouargla, Tamanrasset, Illizi et Ghardaïa, ont pris leur micro pour dire tout haut ce que les citoyens de ces régions désertiques pensent tout bas. «Les citoyens d'Ahaggar demandent en urgence un nouveau découpage administratif pour régler les énormes problèmes qu'ils vivent. Nous demandons, dans un premier temps, la désignation de In Salah et In Guezzam comme nouvelles wilayas», a demandé, par exemple, Nebbou Medjdoub, un sénateur de Tamanrasset devant Ouyahia visiblement très attentif. Son collègue d'Illizi, a, lui, soulevé le problème de l'émigration clandestine qui «pose d'énormes problèmes» aux populations du Sud. Il a estimé que l'Etat doit fournir plus de moyens aux services de sécurité pour leur permettre de bien accomplir leurs missions. Cela au moment où Salim Laroussi, de la wilaya de Ouargla, a demandé que soit réglé le problème de la remontée des eaux usées dans le chef-lieu de sa wilaya.La seule voix discordante de cette première journée de débats au Conseil de la nation est venue du sénateur Hafid Chaoui du mouvement Islah. «Si le programme que vous avez présenté était réalisé, l'Algérie serait un paradis», a-t-il fait remarquer avant de préciser que, par exemple, si réellement 120 000 PME étaient créées, on en aurait «fini avec le chômage». Mais, poursuit le parlementaire à l'adresse du Premier ministre, «vous avez oublié de dire que le taux de natalité des entreprises équivaut à leur taux de mortalité». L'intervention qui a, cependant, été plus fracassante, est venue du sénateur Mohamed-Tayeb Sennani de Souk Ahras qui, d'un ton ferme et grave, a accusé les directeurs centraux de sa wilaya de corruption et de blocage. Il a également accusé le gouvernement de partialité dans la distribution des richesses, notamment entre les différentes régions du pays.Les interventions des parlementaires se sont poursuivies hier après-midi et ce matin. Le passage de Ahmed Ouyahia au Conseil de la nation risque, cependant, de se terminer plus tôt que prévu –c'est-à-dire dans l'après-midi de jeudi- à cause du faible taux de sénateurs inscrits au débat. Ont-ils senti que le débat est inutile ? En tout cas, le passage du texte n'est qu'une simple formalité.