Pour le chef du gouvernement, la réconciliation nationale est la «mère de tous les chantiers». C'est dans une drôle de position que s'est retrouvé hier, au Sénat, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia quand il fallu répondre aux sénateurs sur son projet de texte gouvernemental. Ouyahia a passé l'heure et demie à «démonter» les accusations de la presse écrite, relatives aux multiples événements sociaux qui secouent le pays depuis quelque temps. L'opposition au sénat se limite en effet, à 4 sénateurs, 2 du FFS et qui ont d'ailleurs rejeté le texte, pour les premiers et 2 d'El Islah qui se sont abstenus. Le projet de texte est passé comme une lettre à la poste. Une motion de soutien a été même proposée et lue par le nouveau chef du groupe du FLN au sénat, Boulesnane, au nom des partis formant l'alliance présidentielle. Le document souligne que les sénateurs «et après avoir entendu les réponses convaincantes du chef du gouvernement» expriment leur satisfaction quant au contenu du programme et «leur soutien total à l'orientation générale» en vue de réaliser la réconciliation nationale. Ce point a d'ailleurs pris l'essentiel du temps d'Ahmed Ouyahia qui l'a qualifiée de «mère de tous les chantiers» pendant encore plusieurs années à venir. Il précisera à ce sujet que la «lutte antiterroriste» sera poursuivie pour sortir le pays du «cycle de la violence» et réitéré son engagement à «réintégrer ceux qui répondent à l'appel du peuple». Selon Ouyahia, «l'Etat a une parole» et n'est pas près de revenir sur ses engagements. Les repentis seront «assurés de recouvrer tous leurs droits civiques» a encore indiqué Ouyahia qui a ajouté que les populations déplacées seront aidées à revenir sur les lieux. «Le terrorisme a régressé et la paix est revenue dans toutes les régions du pays», a soutenu le chef du gouvernement. Revenant sur les «divergences» qui seraient survenues entre lui et le chef de l'Etat et rapportées par la presse, Ouyahia a répondu que «chacun peut avoir une vue sur cette réconciliation». Il ne s'est pas empêché, par ailleurs, de qualifier ceux qui colportent ces rumeurs de «gens qui n'ont rien à faire». Selon la définition que lui donne le chef du gouvernement, la réconciliation nationale est un «projet très large». Il faut, dira-t-il, mettre «tous les atouts» pour résorber tous les retards pris par l'Algérie depuis 20 ans pour s'intégrer dans la mondialisation. Il expliquera ensuite que la réalisation de ce chantier (la réconciliation) est l'affaire de tous et pas uniquement de l'Etat. Parlant de la corruption et de la fuite des capitaux, Ouyahia s'est montré étonné qu'on fasse «grise mine» de sa déclaration à un média français où il a annoncé que l'équivalent de «5.000.000 euros» sortent chaque année du territoire. A cela, dit-il, il faudrait ajouter le carburant et le fil du téléphone qui sont vendus à l'étranger par certains trabendistes qui participent à l'hémorragie du pays. La vérité sur l'origine des événements de Tkout est sur le point d'éclater, selon Ouyahia, qui a diligenté «une double enquête de la gendarmerie et de la justice». Les deux commissions rendront leurs résultats dans les 24 heures à venir. «200 personnes sont actuellement emprisonnées» affirme le chef du gouvernement qui indique qu'on «ne nous terrorisera pas par la plume ou par quoi que ce soit». Il récusera le chiffre avancé par la presse au sujet des 565 enfants empoisonnés à Mohammadia en indiquant que «seuls 48 enfants l'ont été réellement et que 15 enfants demeurent encore hospitalisés». Concernant le montant des investissements opérés durant les cinq dernières années, il dira que la somme globale à atteint les 2 300 milliards de DA soit l'équivalent de 30 milliards de dollars. Le secteur privé a, à lui seul, investi 500 milliards de DA, soit 6 milliards de dollars, tandis que le partenaire étranger a mis 800 milliards de DA, soit 10 milliards de dollars. La dette extérieure a baissé pour atteindre 21 milliards de dollars grâce au remboursement anticipé de la dette de 650 millions de dollars sur le prêt contracté à la Banque africaine de développement. L'Etat a gagné 350 millions de dollars. Répondant aux critiques nées après le séisme du 21 mai 2003, Ouyahia a indiqué que «ceux qui nous attendaient en embuscade sont aujourd'hui déçus». Comme il ne manquera pas de lancer une flèche à Saïd Sadi à propos de la fraude en soutenant qu'il «y'aura toujours des raisons de s'amuser et s'il veut consulter les archives, elles se trouvent au niveau du Conseil constitutionnel».