Le Suisse, Didier Burkhalter, se trouve à Moscou pour trouver une issue à la crise en Ukraine Le président en exercice de l'OSCE, le Suisse Didier Burkhalter, se rendait hier à Moscou à la rencontre du président Poutine pour évoquer la crise ukrainienne, dossier sur lequel la Russie s'est montrée jusqu'ici intraitable. A quelques heures de la rencontre, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé une nouvelle fois les Européens de fermer les yeux sur la montée du fascisme en Ukraine. «Ce qui s'est produit à Odessa le 2 mai, c'est du fascisme pur et simple», a-t-il dit en référence à la mort dans un incendie vendredi d'une quarantaine de militants russophones dans le sud de l'Ukraine. La visite de M. Burkhalter intervient dans le cadre d'une nouvelle offensive diplomatique des Européens pour tenter de trouver une issue pacifique. Le responsable, également président de la Confédération helvétique et chef de la diplomatie suisse, a appelé mardi à «un suivi de Genève», en référence à l'accord diplomatique conclu le 17 avril entre l'Ukraine, la Russie, l'UE et les Etats-Unis, pour une désescalade de la situation dans l'Est. Il a aussi réclamé un «cessez-le-feu» pour permettre la tenue de l'élection présidentielle prévue le 25 mai. Les Occidentaux jugent crucial que ce scrutin se déroule correctement, faute de quoi l'Ukraine glisserait vers «le chaos et le risque de guerre civile», selon les termes employés par le président français François Hollande. L'élection doit permettre de choisir le successeur du président Viktor Ianoukovitch, renversé en février par un coup d'Etat parlementaire. La Russie, qui refuse de reconnaître les autorités provisoires mises en place depuis à Kiev, a déjà fait savoir qu'elle jugeait «absurde» de tenir des élections dans le contexte actuel de violences. Des tractations diplomatiques étaient également prévues hier à Kiev, où le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, est arrivé mardi soir. «Il y a bien sûr beaucoup de choses à discuter», a-t-il déclaré. Outre les questions liées à la mise en place de l'accord de Genève, « l y a aussi les énormes défis de sécurité et économiques» L'Ukraine a reçu un premier prêt de 3,19 milliards de dollars dans le cadre du plan d'aide de 17 milliards de dollars décidé fin avril par le FMI. Mardi, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Dechtchitsa, avait requis l'envoi «observateurs internationaux en Ukraine pour surveiller les élections » Le scrutin devra être « libre et démocratique» en dépit du risque de «menaces et provocations extérieures soutenues par la Russie», selon lui. A Slaviansk même, épicentre des affrontements qui opposent les Russophones aux forces armées ukrainiennes, des tirs à l'arme lourde et des rafales de fusils automatiques ont retenti dans la nuit de mardi à mercredi. Le bassin minier du Donbass, frontalier de la Russie, est la zone la plus touchée par les troubles qui se sont multipliés. Les Russophones ont annoncé pour le 11 mai la tenue d'un référendum sur la « déclaration d'indépendance » de la république autoproclamée de Donetsk. Toutefois, le président Vladimir Poutine a demandé hier aux Russophones de reporter le référendum prévu le 11 mai « Nous demandons aux représentants du sud-est de l'Ukraine de reporter le référendum prévu le 11 mai, pour créer les conditions nécessaires au dialogue », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue de sa rencontre avec le président de l'OSCE, Didier Burkhalter. Néanmoins, les Occidentaux se montrent de plus en plus alarmés par la tournure prise ces derniers jours par les événements en Ukraine, où des dizaines de personnes ont péri dans des violences depuis vendredi. «Les images qui nous parviennent sont effrayantes et nous ne sommes plus très éloignés d'une confrontation militaire en Ukraine», avait estimé mardi le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. «Personne ne devrait se méprendre et croire qu'il n'y a un risque et une menace que pour l'Ukraine. A travers ce conflit, c'est toute l'architecture de la sécurité de l'Europe qui pourrait être détruite». La crise pourrait d'ailleurs conduire l'Otan à envisager une présence militaire permanente dans ses pays membres en Europe de l'Est: «Je pense que nous devrions y réfléchir», avait estimé mardi le général Philip Breedlove, commandant des forces de l'Otan en Europe.