Y aura-t-il encore un vote? Abstention, risque de perdre la majorité, crise politique et surtout menace islamiste plaident en défaveur d'une dissolution du Parlement malgré le nouveau découpage administratif. Dissoudra, dissoudra pas? Cette question sur l'avenir de la chambre basse du Parlement fait l'actualité ces derniers jours. Les parties de l'opposition plaident pour des élections législatives anticipées, alors que de nombreux observateurs avancent plusieurs arguments en défaveur de cette hypothèse. Le premier argument livré par ces observateurs, est le fort taux d'abstention lors de la dernière présidentielle qui a atteint les 49%. Ce désintérêt de près de la moitié du corps électoral pour l'élection du 17 avril dernier ne plaide pas pour la tenue d'une élection durant les prochains mois. L'ambiance actuelle n'est donc pas propice pour un scrutin électoral, surtout après les «séquelles» laissées par la grosse bataille présidentielle. De ce fait, rien ne garantit au pouvoir en place de garder la majorité actuelle dans l'Assemblée nationale. L'alliance présidentielle compte en effet une majorité absolue avec 221 députés FLN, 70 pour le RND, 6 pour le MPA et 44 pour le TAJ qui s'est auto-créé un groupe parlementaire alors qu'il n'a pas participé aux dernières législatives. Face à une opposition de plus en plus pressante, les décideurs ne vont pas risquer de perdre la majorité confortable qu'ils ont et qui leur permet d'appliquer avec sérénité le programme du président de la République. Prendre un tel risque serait comme qui dirait «tirer la queue du diable». Surtout qu'en parallèle, les islamistes sont à l'affût. Eux qui ont quitté l'alliance présidentielle et le gouvernement n'attendent que cette aubaine pour espérer tirer leur épingle du jeu. Ils espèrent toujours prendre le pouvoir via une majorité parlementaire. L'élection législative de 2012 a été pour eux une gifle. Alors qu'ils avaient pris le pouvoir dans pratiquement tout le Monde arabe, il ne leur restait que l'Algérie. Ils avaient alors tenté de s'unir pour accaparer le dernier «bastion». L'opportunité était inespérée au moment où le printemps arabe ne fleurissait qu'en vert. C'était la mode des gouvernements islamistes dans le Monde arabe qui s'est même offert une présidence en Egypte avec l'élection de Mohamed Morsi comme chef de l'Etat. Peine perdue. Non seulement les islamistes n'ont pas réussi leur entreprise de réunification, mais ils ont subi un cuisant échec électoral. L'urne a opposé un niet catégorique à cette mouvance qui fait toujours peur aux Algériens. Surtout que la conjoncture régionale a vite tourné en leur défaveur avec ce qui s'est passé en Egypte où Morsi a été démis de ses fonctions par l'armée pour graves dérives dans la gestion des affaires du pays. «Acceptés», voire même encouragés dans certains cas par les puissances occidentales qui y ont vu l'alternative aux pouvoirs dictatoriaux, les islamistes ne font plus recette. L'Algérie a été leur défaite. Très largement battus par la mouvance dite nationaliste et patriotique, les islamistes ont doublement fait les frais, d'abord, de leurs égarements idéologiques en instrumentalisant la religion à des fins politiques qui a abouti à l'action armée durant les années 1990, et de leur louvoiement avec le pouvoir quand le MSP de Mahfoud Nahnah a rejoint le gouvernement en 1995. Assommés par l'urne, les islamistes gardent quand même la tête froide. Eux qui, comme la nature, n'aiment pas le vide, sont réputés pour être des loups dormants qui n'attendent qu'une petite opportunité pour ressurgir! Des législatives anticipées pourraient être cette occasion tant attendue! Les décideurs prendront-ils le risque? Car, un gouvernement islamiste viendrait à mettre le pays en péril en exposant au danger la stabilité tant avancée par le pouvoir algérien. La perte de cet acquis précieux qui a été amorcé en 2012, et renforcé lors de la dernière présidentielle, plongerait non seulement le pays dans le chaos, mais toute la région qui s'appuie sur l'Algérie comme bouée de sauvetage au milieu de cette ceinture de feu et de salafisme. Ce n'est donc pas une fois la sécurité et la stabilité retrouvées qu'on va aller tenter le diable. La dissolution de l'APN pourrait aussi faire croire à l'existence d'une crise politique dans le pays. Or, ce n'est absolument pas le cas. C'est peut-être ce que veulent faire croire les partisans de ces élections législatives anticipées. Ces derniers ont néanmoins un argument qui tient la route. Après avoir usé de celui de la nouvelle Constitution, et de la main tendue vers l'opposition, ils s'appuient sur le nouveau découpage administratif annoncé par le président de la République. Ils soutiennent que la création de nouvelles circonscriptions amènerait à la nullité du Parlement actuel étant donné que les nouvelles wilayas ne seront pas représentées. Une situation qui amènerait,voire provoquerait automatiquement la dissolution du Parlement et l'organisation d'élections législatives et locales, anticipées... L'avenir du Parlement actuel est donc en sursis!