«La politique n'est pas une science. Elle est un art.» Patrick Dugois Difficile lendemain pour les podcasteurs algériens. Après s'être impliqués en politique en postant des vidéos et des clips sur la présidentielle du 17 avril, ils récoltent les dividendes de leur génie rebelle. Premier à en faire les frais, c'est Youcef Zarouta, le célèbre jeune podcasteur qui avait posté les meilleures vidéos politiques sur le Net, utilisant un humour grinçant pour dénoncer le ridicule de la classe politique algérienne. Ce dernier a été arrêté et embarqué par la police la semaine dernière, puis relâché le lendemain en fin d'après-midi. C'est en tout cas ce qu'il a révélé sur sa page Facebook: «Ils m'ont arrêté alors que j'étais dehors dans la rue. Je n'ai pas compris pourquoi ils sont venus m'arrêter. Fort heureusement, j'ai été relâché. Mais je suis très fatigué car j'ai passé toute la nuit dans une cellule de prison.» Ses fans inquiets n'ont pas manqué de dénoncer cette arrestation. Youcef Zarouta n'explique pas réellement les motifs de son arrestation et ne révèle pas réellement ce que les services de sécurité lui ont demandé lors de leur interrogatoire. Des sources sécuritaires indiquent qu'il aurait été arrêté pour vérifier sa conformité vis-à-vis du Service national. Une version des faits qui n'a guère convaincu ses amis, ses fans et ses proches. Quoi qu'il en soit cette affaire a créé la panique dans le milieu des podcasteurs, et le premier à redouter le pire c'est Anes Tina. Le podcasteur le plus rebelle et le plus déjanté. Ce dernier a été le premier à opter pour la vidéo dérision politique et lancer la campagne des opposants au 4e mandat avec son célèbre clip Slam Monsieur le président. Voulant imiter Lotfi Double Kanon, il a réalisé un clip avec un message destiné au président Bouteflika, sans pour autant le critiquer. Sa chanson a remporté un succès important au point où les télés étrangères et plus particulièrement françaises qui critiquent le gouvernement algérien comme Canal+ ou encore TF1, ont inclu cette chanson dans leur reportage sur l'élection présidentielle algérienne de 2014, indiquant que c'est la seule voix d'expression de la jeunesse algérienne. Anès Tina, qui est désormais très critiqué dans les milieux médiatiques, a tenté de relancer l'affaire en lançant une chanson où il tire à boulets rouges sur le gouvernement, Rahi likoum. Mais cette chanson au vitriol n'a pas eu de succès escompté et Anes Tina qui avait des contrats avec Nessma TV et Echourouk TV, risque de regarder le Ramadhan du salon huppé de sa maison. Avec ses mauvais choix politiques et ses calculs pécuniaires, il a entraîné dans son sillage une bande de podcasteurs talentueux: Merouane et Dzjoker qui avaient décroché des contrats avec des annonceurs et qui se voient maintenant refusés par tous les opérateurs. Les podcasteurs qui étaient très sollicités pour garnir le programme du Ramadhan, se retrouvent aujourd'hui les créateurs audiovisuels les plus repoussés. [email protected]