La campagne électorale pour la présidentielle du 3 juin a débuté hier en Syrie, au lendemain d'un succès militaire de l'armée syrienne à Homs. Le scrutin, d'ores et déjà dénoncé comme une «farce» par l'opposition et ses alliés occidentaux, se déroulera uniquement dans les territoires contrôlés par le gouvernement, dans un pays ravagé par trois années de conflit sanglant. Il s'agit théoriquement de la première élection présidentielle depuis plus de cinquante ans en Syrie. Bachar al Assad y affrontera Maher al-Hajjar, un député indépendant longtemps membre du parti communiste, et Hassan al-Nouri, un homme d'affaires qui a été membre d'une formation de l'opposition intérieure par le pouvoir. Le président Assad a placé sa campagne sous le slogan «ensemble», et a lancé une page Facebook, un compte Twitter et un compte Instagram. Sur son premier mini-clip de campagne, le mot «ensemble» s'affiche, tracé à la main sur un fond blanc qui se transforme ensuite en drapeau syrien, sur lequel est apposée la signature du président. Dans le centre-ville de Damas, des dizaines de pancartes, affiches et énormes banderoles représentant le drapeau national, portant le slogan «ensemble», et signés de Bachar al-Assad, sont apparues. «Bachar al-Assad, notre choix unique», pouvait-on lire sur d'autres banderoles placardées par l'un des partis du Front national progressiste (FNP, coalition emmenée par le Baas au pouvoir). «Notre Bachar nous n'acceptons d'autre président que toi, nous t'avons choisi, tu as notre loyauté», pouvait-on également lire sur des pancartes, ou tout simplement «On t'aime», sous un portrait de M. Assad souriant. Par ailleurs, plusieurs pancartes à la gloire du candidat Hassan al-Nouri, un homme d'affaires damascène, sont apparues dans la capitale, appelant à «la lutte contre la corruption», au «multipartisme économique» et au «retour de la classe moyenne». La télévision syrienne a également diffusé l'un de ses clips de campagne. Le début de la campagne survient au lendemain d'une importante victoire du régime sur le terrain, avec la reprise de la majeure partie de Homs, troisième ville du pays et fer de lance de la rébellion armée en mars 2011. L'armée, qui contrôlait déjà 80% de la ville (centre), a pu entrer vendredi dans l'ex-bastion rebelle. Les insurgés ne contrôlent plus que le quartier de Waer à Homs, et des négociations pour leur retrait sont en cours. Des milliers de civils syriens sont retournés samedi dans les ruines de la Vieille ville, tentant de sauver le peu qui reste de leurs maisons détruites par deux années de combats féroces entre rebelles et soldats. Ce retour a été rendu possible par la conclusion d'un accord au terme duquel près de 2000 rebelles exsangues ont été évacués du Vieux Homs assiégé et bombardé quasi-quotidiennement par l'armée syrienne pendant plus de 24 mois. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé en Grande Bretagne), les rebelles ont remis leur armes lourdes et moyennes et emporté leurs armes légères.