Les trois candidats en lice pour la présidentielle du 3 juin en Syrie, dont le président Bachar Al-Assad, ont lancé dimanche leur campagne pour le scrutin qui se déroulera dans les territoires contrôlés par les forces gouvernementales qui ont marqué une avancée dans des quartiers rebelles. Les trois candidats, Bachar al Assad, Maher al-Hajjar et Hassan al-Nouri, ont été retenus par la Cour constitutionnelle suprême syrienne pour lancer leur campagne électorale à partir de dimanche. Le scrutin ne se déroulera que dans les territoires contrôlés par les forces gouvernementales, qui continuent d'infliger des pertes aux groupes de l'opposition armée. Bachar al Assad a placé sa campagne sous le slogan "ensemble", et a lancé une page Facebook et un compte Twitter, sur son premier mini-clip de campagne. Dans le centre-ville de Damas, sous contrôle des forces gouvernementales, des dizaines de pancartes, affiches et énormes banderoles représentant le drapeau syrien, portant le slogan "ensemble", et signés de Bachar al-Assad, sont apparues selon des correspondants. "Bachar al-Assad, notre choix unique", était notamment écrit sur d'autres banderoles placardées par l'un des partis du Front national progressiste (FNP, coalition menée par le parti Baath au pouvoir). La télévision officielle a également diffusé l'un de ses clips de campagne. D'autre part, plusieurs pancartes à la gloire du candidat Hassan al-Nouri, un homme d'affaires damascène, sont apparues dans la capitale, appelant à "la lutte contre la corruption", au "multipartisme économique" et au "retour de la classe moyenne". Hassan al-Nouri est un homme d'affaires damascène, qui a été membre d'une formation de l'opposition de l'intérieur tolérée par le pouvoir. Le troisième candidat, originaire d'Alep, la principale ville du nord où l'armée gouvernementale mène une lutte féroce contre les rebelles, Maher al-Hajjar est un député indépendant qui a longtemps été membre du parti communiste. Les 24 autres postulants pour cette élection ont été écartés par la cour constitutionnelle pour n'avoir pas rempli les "conditions" requises. La loi électorale précise que les postulants devaient obtenir la signature de 35 députés. Or il n'y a que 89 députés "indépendants" sur les 250 parlementaires, 161 appartenant au parti Baath, au pouvoir depuis un demi-siècle. --Première élection présidentielle depuis plus de cinquante ans-- Il s'agit de la première élection présidentielle depuis plus de cinquante ans en Syrie. Le gouvernement syrien avait promis une élection présidentielle "libre et transparente", pour "les premières élections de son histoire moderne". L'élection exclut de facto une participation de l'opposition en exil et ouvre la voie à une réélection de Bachar al-Assad, un scrutin qualifié de "farce" par l'opposition. La présidentielle se déroulera dans un pays en proie à une grave crise humanitaire née d'un conflit armé entre forces régulières et groupes armés depuis mars 2011. L'ONU avait critiqué la décision de Damas de tenir cette élection, "incompatible avec l'esprit et la lettre du communiqué de Genève" sur une transition démocratique en Syrie. Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, avait estimé fin mars qu'une reprise des négociations de paix entre le gouvernement syrien et l'opposition à Genève était exclue pour le moment. --L'armée régulière continue de marquer des avancées sur le terrain-- Le début de la campagne éléctorale survient au lendemain d'une importante victoire des forces régulières sur le terrain, avec la reprise de contrôle de la majeure partie de Homs, troisième ville du pays et fer de lance de la rébellion armée après le début de la révolte déclenchée contre le pouvoir en mars 2011. L'armée, qui contrôlait déjà 80% de la ville (centre), a pu entrer vendredi dans l'ex-bastion rebelle. Les insurgés ne contrôlent plus que le quartier de Waer à Homs, et des négociations pour leur retrait sont en cours. Des milliers de civils syriens sont retournés samedi dans les ruines de la Vieille ville, tentant de sauver le peu qui reste de leurs maisons détruites par deux années de combats féroces entre rebelles et soldats. Ce retour a été rendu possible par la conclusion d'un accord au terme duquel près de 2.000 rebelles exsangues ont été évacués du Vieux Homs assiégé et bombardé quasi-quotidiennement par les troupes gouvernementales depuis plus de 24 mois. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les rebelles ont remis leurs armes lourdes et moyennes et emporté leurs armes légères. Par ailleurs, plus de 100.000 civils ont fui leurs villages dans la province syrienne de Deir Ezzor (est) en raison de violents combats entre groupes armés rivaux ayant fait 230 morts parmi les insurgés en dix jours, selon l'OSDH. L'exode par dizaines de milliers de la population a commencé le 30 avril dernier, après l'intensification des affrontements entre le groupe armé de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le Front Al-Nosra dans la province de Deir Ezzor, a-t-on indiqué. Le conflit syrien a fait plus de 150.000 morts, 6,5 millions de déplacés et quelque 2,6 millions de réfugiés depuis mars 2011, selon les Nations unies.