Après le référendum de dimanche, les menaces de partition de l'Ukraine deviennent sérieuses, cela a incité l'UE à appeler à un «dialogue national» Le chef de la diplomatie allemande se trouvait hier en Ukraine pour tenter de parvenir à une solution négociée à la crise, alors que la Russie continue d'exiger au préalable un arrêt de l'opération militaire dans l'Est. Face à une Ukraine de nouveau menacée de partition après le référendum D'«indépendance» de dimanche dans le Donbass, les Européens et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'efforcent depuis plusieurs jours de promouvoir la tenue d'une réunion entre toutes les parties impliquées dans la crise. Bien qu'une table ronde ait été programmée pour aujourd'hui à Kiev, Moscou a laissé entendre que les conditions pour le «dialogue» n'étaient pas réunies. Tout en jugeant «extrêmement important» de lancer le plus vite possible la feuille de route proposée par l'OSCE, la Russie a une nouvelle fois exigé hier que Kiev mette fin à l'opération militaire lancée le 2 mai dans l'est du pays. «Nous exigeons que Kiev arrête immédiatement son expédition punitive et retire ses troupes régulières», selon le ministère des Affaires étrangères. Une fois cela fait, Moscou dit espérer que les séparatistes russophones du Donbass «réagissent de manière adéquate». Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a souligné hier au Parlement que l'opération «antiterroriste» allait se poursuivre. Des combats entre séparatistes russophones et soldats ukrainiens se déroulent presque chaque nuit dans la zone de Slaviansk, bastion des séparatistes. La Russie a aussi accusé les autorités ukrainiennes - dont elle ne reconnaît pas la légitimité - de «refuser un réel dialogue avec les représentants des régions, avant tout du sud et de l'est du pays, (ce qui) constitue un obstacle sérieux sur la voie de la désescalade». Une table ronde aux contours flous a été programmée aujourd'hui à 13H30 GMT. Elle rassemblera selon le gouvernement le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, trois anciens présidents d'Ukraine, les actuels candidats à l'élection présidentielle prévue le 25 mai, ainsi que des députés et responsables régionaux. Les chefs séparatistes de l'est, que Kiev qualifie de «terroristes», ne semblent en revanche pas être invités malgré des appels répétés de Moscou en ce sens. Les discussions seront modérées par l'ancien diplomate allemand Wolfgang Ischinger et se pencheront notamment sur des questions de réforme constitutionnelle, de décentralisation et de lutte contre la corruption, a indiqué M. Iatseniouk. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, arrivé hier matin à Kiev, s'est déclaré favorable à une initiative de «dialogue national» impliquant les régions séparatistes de l'Est, où la situation reste selon lui «menaçante et dangereuse». Il a déclaré espérer que cela permettrait de «faire évacuer les bâtiments occupés, désarmer progressivement les groupes armés et rétablir l'autorité de l'Etat». M. Steinmeier a également rencontré l'influent oligarque Rinat Akhmetov, l'homme le plus riche du pays très influent dans l'Est, qui s'est déclaré prêt à participer à la table ronde. «Le Donbass ne peut accéder au bonheur qu'avec l'Ukraine et le référendum n'était pas légitime», a déclaré M. Akhmetov, qui est soupçonné de soutenir les séparatistes. «Je n'ai rien payé, je n'ai acheté personne», a-t-il souligné. L'Ukraine a fait dimanche un nouveau pas vers la partition avec la tenue dans deux régions de l'Est d'un double référendum d'indépendance dénoncé comme «illégal» par Kiev et par les Occidentaux. Sans surprise, les séparatistes qui l'ont organisé ont revendiqué un soutien populaire massif à leur projet avec 90% de oui à l'indépendance. Ils ont proclamé moins de 24 heures après la souveraineté des deux régions, baptisées républiques de Donetsk et Lougansk et se sont aussitôt placés sous l'aile de Moscou, comme l'avait déjà fait la Crimée en mars.