Le plus jeune détenu politique de l'Algérie indépendante, Mohand Larbi Boutride (dit Nacer), a décroché son bac en prison. Si aujourd'hui tout le monde connaît le Printemps berbère d'avril 1980, très peu connaissent le printemps de Béjaïa de 1981 alors que ces événements ont été déterminants. C'est dans le souci d'éclairer la jeunesse d'aujourd'hui en général et la communauté universitaire en particulier qu'une table ronde est prévue pour aujourd'hui à 14h à la cité universitaire Aamriw (Ex-ITE) pour parler du soulèvement de la Soummam un certain 19 mai 1981.Cette table ronde sera présentée par Aziz Tari, un détenu d'avril 1980 et animée par MokraneAgoune, le plus jeune détenu politique de l'Algérie indépendante et Mohand Larbi Boutride (dit Nacer), un détenu des mêmes évènements ayant réussi avec succès à son bac en prison. Tous les deux lycéens au moment des faits, ont été acteurs de ce mouvement et ont participé d'une manière active à tout son processus de mise en oeuvre. Les conférenciers tenteront d'apporter un éclairage sur cet événement et participeront, sans aucun doute, à la compréhension des faits de l'Histoire. Pour rappel, une année après les événements d'avril 1980 qui ont éclaté en Kabylie, Béjaïa avait rendez-vous avec un autre printemps mouvementé dont le fer de lance dans sa préparation propagandiste était le refus de détournement d'un projet d'implantation d'une université. En effet, la rue avait grondé contre le «détournement du projet universitaire de Béjaïa», soupçonnant les pouvoirs publics de vouloir étouffer dans l'oeuf un projet dont on a entamé la réalisation avant qu'on ne le cloue longtemps au sol faute de budget «détourné vers une autre wilaya». C'est ainsi que le 19 mai 1981 à Béjaïa, des lycéens, militants sous couvert d'un «comité de wilaya», rejoints par l'ensemble de la population, ont organisé une immense manifestation pacifique de protestation. Suite à la férocité de la répression qui s'est abattue sur la marche pacifique, celle-ci a tourné à l'émeute générale puis en révolte qui embrasa toute la wilaya de Béjaïa notamment du côté de la vallée de la Soummam.En effet, la répression de ce mouvement pacifique a donné lieu à des affrontements sanglants où la population s'est jointe à leur combat pour inscrire dans l'histoire et dans leur mémoire collective cette date symbole pour les libertés, pour l'amazighité et la justice sociale. Leur revendication première sera la libération inconditionnelle des détenus de 1980 puis la reconnaissance de la langue et la culture amazighes avant de crier «non au détournement du projet universitaire» de l'actuel campus Targa Ouzemmour. Dans une déclaration, les organisateurs veulent rendrent un vibrant hommage: «ensemble, dans l'esprit qui a animé cette jeunesse, nous célèbrerons la commémoration de cet évènement en leur rendant un vibrant hommage et rappeler combien leur combat est toujours d'actualité et que leurs sacrifices ne sont pas vains. Au contraire, ils ont ouvert la voie pour un avenir porteur de changements réels pour ne plus vivre ses drames et traumatismes», peut-on lire dans leur déclaration. Par ailleurs, les miltants du MCB-Bgayet appellent à un meeting le 19 mai prochain pour baptiser le carrefour Naceria au nom de «Carrefour 19 mai 1981».