Tranche inconnue de notre Histoire, «la jeunesse de l'Emir» enfin découverte. Le poème de Victor Hugo datant de 1852 qui a donné une image altérée de la personnalité de l'Emir a été le point de départ pour K.M'Hamsadji d'entamer des recherches de la jeunesse de cet illustre chef de guerre et homme d'Etat. Pour l'écrivain qui rejette l'étiquette d'historien, «cette période de la vie de l'Emir n'a pas été évoquée par les historiens, ni par les politiciens et les hommes de religion». C'est dans ce cadre, qu'elle présente un intérêt particulier pour cerner de plus près cette personnalité qui disait déjà que «ma carrière me fut tracée par ma naissance, mon éducation et mes prédilections». Ainsi, au-delà des nombreux écrits relatant la vie politique et surtout l'âge mûr de l'Emir, Kaddour M'Hamsadji s'est interrogé «sur la vie de cet homme en posant la question de savoir comment cette personnalité immense, nationale, de dimension mondiale s'est-elle construite?». L'examen avec la plus «studieuse curiosité» a amené l'auteur à remonter l'histoire et mettre en exergue «le milieu dans lequel Abd El Kader a vécu, jusqu'à son élévation au rang d'Emir». Cette quête d'informations n'a pas été très fructueuse, selon les dires de l'auteur qui précise qui «l'a d'abord imaginée et comme la légende peut avoir une base historique réelle, elle a été aussi ma source, sans que je cède aux travers de l'historien qui raconte des histoires sur l'histoire». Pour l'auteur «si discontinues et si insuffisantes que pourraient être ses «trouvailles» présentées dans le livre, celles-ci incitent à découvrir ce qui n'est pas du tout accessoire dans la construction d‘une personnalité aussi forte, aussi géniale et aussi éternelle, donc humaine et historique que celle de l'Emir». Ainsi, il a fallu vingt chapitres pour présenter dans un ordre naturel, les différentes étapes de l'évolution de la vie de jeunesse, de ce premier fondateur de l'Etat algérien et ce, «sans céder à l'illusion d'avoir tout dit des événements, d'avoir tout relaté scientifiquement, d'avoir restitué des vérités définitives, d'avoir surtout été neutre», indiquera M'Hamsadji. Il est évident cependant, qu'un rappel «des origines de la tribu des Hachim situe le milieu social de la famille de Mohieddine». Puis le cours du récit «se déroule en tableaux des événements successifs, touchant aux personnages et à leurs actes dans tous les domaines de la vie de la région d'Oran», dira l'auteur qui posera la question à la fin de son exposé : «faut-il absolument conclure après ce rapide rappel des événements qui ont concouru à la formation générale du jeune Abd El Kader?». Pour M'Hamsadji «toute conclusion est fermeture. C'est une façon polie de se séparer de quelqu'un». Dans cette optique, l'auteur redoute «la valeur logique de toute conclusion et beaucoup plus, lorsque cette conclusion porte sur des sentiments aussi forts que ceux qui caractérisent un homme de génie qui se passionna du monde et qui passionna le monde.» Tout cela se reflète à une époque «où toute jouissance spirituelle était en dehors de la sphère occidentale, considérée comme «barbare» par une Europe impérialiste armée et pourtant chrétienne», en ce sens «ne devant pas sacrifier au paradoxe de l'indifférence, la liberté de l'âme qui est partout la même dans la famille humaine.», conclura K. M'Hamsadji.