La chambre d'accusation a rejeté la demande de mise en liberté provisoire introduite par l'ancien directeur de l'agence foncière de Bir El-Djir. Ce refus, le deuxième du genre depuis que la justice s'est saisie du dossier de Kada Hezil, ancien directeur des affaires sociales de la wilaya d'Oran, démontre que l'instruction est toujours en cours. Tout avait commencé l'été dernier, quand des affaires de détournement de deniers publics, de dilapidation d'assiettes foncières et de crédit destiné à l'emploi de jeunes ont éclaté. L'enquête diligentée par les services de police avait permis d'établir l'existence d'une véritable «mafia» qui avait squatté l'administration pour en faire la source de son enrichissement par des voies illégales. Des projets et des enveloppes financières destinés à la création d'emplois dans le cadre de l'emploi de jeunes ont été détournés pour être attribués à des individus qui n'y ouvraient pas droit. La presse à l'époque avait fait état des frasques de cette mafia qui faisait la pluie et le beau temps à Oran. On avait parlé de petits métiers de pêche financés par l'Union européenne et destinés à la création d'une école de pêche, détournés et vendus à des personnes qui ne connaissaient de la mer que son reflet bleu, de magasins et même de vides sanitaires, cédés à des proches de l'ex-DAS, des lots de terrain vendus à des prix dérisoires avant d'être cédés au plus offrant. On avait même évoqué le cas de mineurs de la famille de l'ex-DAS, détenteurs de comptes bancaires ayant des avoirs dépassant le milliard de centimes. L'implication de l'ancien directeur de l'agence foncière de Bir El-Djir dans ce réseau avait été établie tout comme celle de son homologue, ancien directeur de l'agence d'Es-Senia. La justice saisie de l'affaire avait placé en détention préventive l'ancien DAS d'Oran, l'ancien directeur de l'agence foncière de Bir El-Djir ainsi que le président de l'APC de Sidi Chahmi. Un vice-président de l'APC d'Oran et l'ancien directeur de l'agence foncière d'Es-Senia ont été, quant à eux, placés sous contrôle judiciaire. Pris de panique, les relais des mis en cause avaient, à l'époque, orchestré une campagne faite de tracts clandestins, de rumeurs et d'articles de presse pour faire obstruction à la justice et jeter l'anathème sur certains responsables locaux. Cette campagne se voulait un moyen de faire barrage à l'action de la justice. Ces relais avaient même distillé des rumeurs faisant état de l'imminente remise en liberté des mis en cause, de soutiens haut placés ayant intervenu pour faire taire le scandale. Mais rien n'y fit, la procédure a suivi son cours et l'instruction s'est poursuivie. Voyant leur plan échouer, ceux qui avaient profité des largesses des accusés ont poussé, d'après certaines sources, l'ancien DAS d'Oran à faire son mea culpa et sa repentance en adressant des correspondances pathétiques à certains responsables locaux pour leur demander de plaider sa cause. Mais peine perdue puisque la justice n'a cédé ni aux pressions des groupes mafieux ni à celle de la rue. Finalement, l'ancien DAS et ses complices resteront en prison jusqu'à leur comparution devant le tribunal pour répondre des faits qui leur sont reprochés.