Onze soldats et 14 rebelles chiites ont été tués hier dans de violents affrontements dans le nord du Yémen, pays pauvre de la Péninsule arabique en lutte également contre le réseau Al Qaîda dans le Sud. Outre les 25 morts, des dizaines de personnes ont été blessées dans les combats qui ont éclaté lorsque des rebelles ont attaqué une position de l'armée dans la banlieue ouest de la ville d'Amran, au nord de Sanaa, selon des sources de sécurité et médicales. Les violences se poursuivaient en milieu de journée. La tension est vive à Amran où les rebelles chiites, dits Houthis, se sont livrés à des démonstrations de force et à des manifestations pour réclamer la démission d'officiers et de responsables accusés de «corruption». Ces rebelles fortement implantés dans le nord du pays, où ils contrôlent la province de Saada, sont soupçonnés de chercher à gagner du terrain pour élargir leur zone d'influence dans le futur Etat fédéral yéménite, qui doit compter six provinces. Ils avaient pris début février, après des affrontements ayant fait 150 morts, certaines localités de la province d'Amran, en délogeant le clan des Al-Ahmar, les puissants chefs de la confédération tribale des Hached. Des sources militaires avaient alors affirmé que l'objectif des rebelles était de prendre le contrôle d'Amran et d'assiéger la capitale Sanaa. Mais les rebelles s'étaient ensuite retirés de certaines localités en vertu d'une trêve avec des tribus, et des militaires s'y étaient déployés pour empêcher une avancée des rebelles vers la capitale. La reprise des hostilités dans le Nord vient compliquer davantage la tâche du gouvernement, confronté à un mouvement séparatiste dans le Sud et à une multiplication des attaques du réseau extrémiste d'Al Qaîda. L'armée mène depuis fin avril une offensive contre Al Qaîda pour déloger les insurgés de leurs bastions du Sud, notamment des provinces d'Abyane et de Chabwa. Elle y avait reconquis plusieurs villes importantes en 2012, mais peine à reprendre le contrôle des zones rurales, en dépit d'alliances passées avec des tribus locales. Des experts craignent que les violences à travers le Yémen ne fassent dérailler la transition politique dans le pays, entamée après le départ, il y a plus de deux ans, de l'ancien président Ali Abdallah Saleh sous la pression de la rue. La branche du réseau terroriste au Yémen, Al Qaîda dans la Péninsule arabique (Aqpa), considérée comme la plus dangereuse par les Etats-Unis, a profité de l'affaiblissement du pouvoir central au Yémen en 2011, à la faveur de l'insurrection contre Saleh pour renforcer sa présence dans le pays.