Victorieux mais usé par des scandales à répétition mettant en cause son intégrité, M. Zuma tient l'appareil de l'ANC depuis 2008. Il doit annoncer son nouveau gouvernement aujourd'hui. Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud depuis 2009, a été investi hier pour un second mandat, annonçant une transformation socio-économique «radicale» du pays où des inégalités criantes persistent depuis la fin de l'apartheid il y a 20 ans. Lors d'une cérémonie à Pretoria aux allures de fête nationale bis et de show diplomatique, avec un vaste aréopage de chefs d'Etat africains, M. Zuma, 72 ans, a prêté serment et juré de respecter la Constitution instaurée en 1996, après la fin du régime raciste d'apartheid. «Avec l'aide de Dieu», a-t-il dit, répétant solennellement les paroles de prestation de serment prononcées avant lui par le président de la Cour constitutionnelle. M. Zuma avait été reconduit mercredi par les députés après la victoire de son parti, l'ANC, aux élections législatives du 7 mai avec 62,15% des voix. Victorieux mais usé par des scandales à répétition mettant en cause son intégrité, M. Zuma tient l'appareil de l'ANC depuis 2008. Il doit annoncer son nouveau gouvernement aujourd'hui. «Nous avons achevé avec succès la première phase de notre transformation. Aujourd'hui marque le début de la seconde phase de notre transition de l'apartheid vers la démocratie», a-t-il déclaré dans son discours d'investiture, retransmis sur plusieurs télévisions. «Cette seconde phase impliquera la réalisation de transformations socio-économiques radicales», a-t-il ajouté, laissant augurer d'une intervention accrue de l'Etat dans l'économie et de mesures de promotion plus radicales en faveur de la majorité noire. En perte de vitesse après 20 ans au pouvoir, l'ANC et ses alliés syndicaux sont talonnés par des formations aux propositions plus radicales pour permettre à la majorité des Sud-africains de sortir de la misère héritée de la colonisation et de l'apartheid. Ce débat économique de fond avait été étouffé par la réconciliation des années Mandela avec la minorité blanche, l'égalité des droits qui a permis l'émergence d'une bourgeoisie noire et le virage libéral pris par l'ANC dès son arrivée au pouvoir. Il y a moins de pauvreté qu'il y a vingt ans, notamment grâce à l'aide sociale, source de revenu indispensable pour un grand nombre de foyers pauvres. Mais les inégalités héritées du passé, synonymes d'exclusion systématique pour la majorité noire, demeurent parmi les plus élevés au monde, selon l'agence statistique officielle. L'ANC reste le parti de coeur des Sud-africains, incarnant la fin de l'oppression raciste. Mais beaucoup s'impatientent et réclament aujourd'hui plus que le droit de vote obtenu en 1994. Une grève des mineurs pour les salaires paralyse depuis janvier les principaux producteurs mondiaux de platine, un métal précieux dont l'Afrique du Sud est premier exportateur. Le populiste Julius Malema, exclu de l'ANC après ses appels répétés à une nationalisation des compagnies minières et à l'expropriation des fermiers blancs, a remporté le 7 mai plus d'un million de voix avec son parti des Combattants pour la liberté économique (EFF). En délicatesse avec le fisc et la justice pour une affaire de marchés publics truqués, il semble néanmoins durablement installé dans le paysage politique, ainsi que ses revendications: la fin des «salaires d'esclave» payés à la majorité, et la récupération des terres dont les Sud-Africains noirs ont été dépossédés sous la colonisation.