L'ex-chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, qui a appelé à la participation de l'armée dans les réformes actuelles, a indiqué hier à Oran que «la seule et unique force active en Algérie est l'armée». «L'armée doit être un partenaire important dans les réformes politiques», a plaidé l'ex-chef de gouvernement, expliquant que «depuis la guerre de Libération nationale jusqu'à la période post-indépendance, l'armée a toujours été créatrice des changements». Une telle déclaration a laissé pantois tous les présents à la conférence avant que Hamrouche ne se ressaisisse pour expliquer sa vision des choses en déclarant qu'«il ne faut pas comprendre par là qu'il s'agit d'un putsch». Car, a-t-il expliqué «les cas de 1965 et de 1992 n'étaient pas des coups d'Etat». D'autre part, Hamrouche ne prendra pas part aux concertations devant aboutir à la révision de la Constitution actuelle. Cette information a été confirmée par la l'ex-chef de gouvernement du temps de Chadli. Il a déclaré avoir été invité officiellement à y prendre part et qu'il a été destinataire d'une copie de la nouvelle Constitution à mettre en débat à l'instar de toutes les autres personnalités qui ont été saisies par les promoteurs du projet devant aboutir à la révision de la Constitution. Mouloud Hamrouche, sans porter un quelconque jugement d'intention, a été explicite dans sa prise de position en déclinant l'invitation et en refusant d'y prendre part. Il a argumenté son choix en affirmant que «la Constitution de 1989, qui est idéale, a permis à l'Algerie de marquer un saut qualitatif dans son histoire». «La Constitution de 1989 a permis l'instauration d'un Etat moderne vu qu'elle a jalonné les bases permettant la mise en place d'un Etat démocratique et consacré des chapitres entiers à toutes les libertés, individuelles et collectives», a ajouté Mouloud Hamrouche. La défection de Hamrouche quant à prendre part dans les concertations sur la nouvelle Constitution ne signifie pas son refus total quant à l'enrichir. En effet, il affirme «ambitionner l'instauration d'un Etat prémuni des mécanismes permettant de passer au changement». La sortie publique de Hamrouche à Oran lui a permis d'être quelque peu véhément vis-à-vis de l'actuel système de gouvernance estimant qu'il est «dépourvu d'une force active permettant de sauver l'Algérie de la crise». «Malgré leur volonté, tous les présidents, sans aucune exception, ont tous échoué quant à la mise en place des règles et base nécessaires permettant l'instauration d'un véritable Etat». Mouloud Hamrouche a affirmé que «l'Algérie a connu un retard flagrant dans l'instauration d'un Etat moderne basé sur des principes fondamentaux comme l'indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs et le respect de l'alternance au pouvoir». L'ex-chef de gouvernement, qui a eu à mettre en place le multipartisme dans le cadre des réformes de 1989, a, par le biais de ses déclarations, jeté un véritable pavé dans la mare en lâchant de tels propos dans un contexte particulier marqué par le bouillonnement politique qui continue à prévaloir dans l'actualité, aussi bien nationale que régionale, notamment à l'occasion des changements dictés par le Printemps arabe. Hamrouche ne voit aucunement la nécessité d'un printemps arabe en Algerie ni encore moins son utilité. Il étalera sa pensée en déclarant que «le cas de l'Algerie ne nécessite pas un changement profond». Dans sa sortie l'ayant guidé à Oran, Mouloud Hamrouche a prononcé un discours tout à fait semblable à celui prôné lors de la campagne électorale pour la dernière présidentielle dans lequel il a indiqué que «l'Etat moderne est appelé à côtoyer de près les partis d'opposition au lieu de les étouffer». Dans cet aveu, Hamrouche veut sans aucun doute incomber à l'Etat toute la responsabilité quant à l'absence constatée des partis opposants au système de gouvernance ainsi que leur échec avéré dans la mobilisation des forces citoyennes. Après avoir exposé sa thèse, Mouloud Hamrouche n'a pas été tendre à l'encontre de l'ex-parti unique, le FLN, l'estimant de «faible» et «vit au rythme des crises». La venue de Mouloud Hamrouche, pour rencontrer la société civile à Oran, était programmée avant la présidentielle du 17 avril 2014. Seulement, la sortie médiatique du général Benhadid et les remous qu'elle a suscités au niveau de la classe politique, notamment les dirigeants du pays, a motivé le report de la rencontre.