L'ex-chef de gouvernement et candidat à l'élection du 17 avril 2014 s'est exprimé, hier lors d'une conférence tenue à Alger, en présence des patrons d'autres formations politiques, partis constituant ce conglomérat. Le pôle refuse d'être «un faux témoin ou un alibi» dans les consultations autour de la Constitution du pouvoir. «Le problème réside dans le système, pas essentiellement dans la Constitution», dixit Ali Benflis. Interrogé à propos de la participation du pôle ou non à la conférence nationale qui se tiendra le 10 juin prochain à l'hôtel Hilton, Ali Benflis affirme que cette question fait l'objet de débats au sein du pôle des forces de changement et les contacts entre les deux blocs de l'opposition demeurent permanents». Et de préciser: «Ces deux coalitions sont deux entités totalement différentes. Elles ont été fondées lors d'époques différentes et ont des visions et des approches différentes relatives à la solution à apporter à la crise politique qui secoue le pays.» Le pôle qui compte élaborer sa propre plate-forme de sortie de crise politique est d'accord sur la coordination des actions politiques des deux fronts en ce qui concerne les grands dossiers engageant l'avenir du pays, à l'exemple de la refonte de la Constitution. «Nous allons d'abord la soumettre au peuple puis au pouvoir pour le ramener à s'asseoir autour de la table des négociations», souligne le candidat malheureux à l'élection présidentielle du 17 avril. Lors de son allocution, Ali Benflis s'est projeté dans l'avenir politique immédiat après les Consultation autour de la révision de la constitution. En premier lieu, dit-il «il est probable que le régime en place qui a acquis une expertise dans le passage en force, s'emploiera à faire passer son initiative en force avec l'appui des forces politiques et sociales qui gravitent dans son orbite». Ce faisant, il assumera la responsabilité de la division au sujet de la loi suprême de la République qui se doit d'être par essence consensuelle et rassembleuse. Le deuxième pronostic indique que cette initiative ne règlera rien d'essentiel dans la crise politique actuelle à l'instar de la nature du régime politique. De même que la problématique de la légitimité et du fonctionnement des institutions restera inchangée et demeurera posée dans les mêmes termes. Tertio, cette initiative et la manière avec laquelle elle finira par être imposée, agiront comme un facteur d'exacerbation de la crise actuelle. Enfin, avec le temps, l'imposition de cette révision constitutionnelle apparaîtra comme victoire à la Pyrrhus pour le régime en place. Mais l'euphorie passée et les limites de cette initiative atteintes, l'ouverture d'un processus politique global de règlement de la crise actuelle n'en deviendra que plus urgent et plus impératif. Au sujet de la Constitution, il souligne que le pouvoir en place qui est à l'origine de la crise politique se propose de la régler par lui-même d'une manière unilatérale en fixant l'ordre du jour, les étapes à suivre en réfutant le débat sur son illégitimité et celle de toutes les institutions de la République», a-t-il déploré. Ali Benflis pense aussi que «le pouvoir cherche à gagner du temps», avec le projet de révision de la Constitution. «Malgré tous les risques que comporte cette démarche, le pouvoir veut imposer sa vision et ses solutions», dénonce-t-il. Il pense que cette révision ne résoudra pas la crise que vit le pays et qu'au contraire, «elle risque de l'aggraver» parce qu'elle «élude les questions importantes comme la bonne gouvernance, la nature du système et la légitimité des institutions». Les partis du pôle, assure son coordinateur, «partagent le même diagnostic de la crise politique actuelle qui est une crise du régime dans la mesure où c'est une crise du pouvoir personnel et autoritaire qui gouverne le pays et une crise dans le régime dans la mesure où ce régime n'est pas capable de fonctionner selon ses propres normes et sa propre logique». «L'Algérie a un besoin central et vital d'institutions légitimes qui fonctionnent», est la vision de ce groupe politique. La conception commune du cadre approprié de cette crise pour ce pôle est que «l'Algérie ne pourra pas reporter indéfiniment l'ouverture du débat politique global sur la nature du pouvoir, la légitimité des gouvernants et du fonctionnement des institutions». Par ailleurs, Ali Benflis compte publier son livre blanc sur la fraude avant le mois de Ramadhan et déposera le dossier de création de sa formation politique au courant du mois de juin prochain. «Le dossier de demande d'agrément pour la création d'un parti politique est en cours d'élaboration. Nous sommes en train de travailler sur le règlement intérieur, les statuts et le programme du parti. Nous comptons déposer le dossier avant le Ramadhan prochain», a-t-il annoncé. Enfin, trois chefs de partis qui ont accompagné Benflis lors de sa campagne électorale ont lâché le pôle pour prendre part aux consultations du pouvoir à l'image de Naïma Salhi.