«Presque 70% des crises et conflits traités au niveau du Conseil de sécurité à l'ONU, sont des conflits africains.» Plus d'équité et d'équilibre dans les relations internationales. C'est l'une des revendications du mouvement des pays non alignés (MNA), qui sera abordée lors de la 17e conférence ministérielle qui se tiendra aujourd'hui à Alger. «Le MNA juge que la prise de décision est limitée à un certain mombre de pays qui sont au nombre de doigts d'une seule main et qui décide pour le reste du monde. C'est pourquoi, le mouvement revendique aujourd'hui davantage d'équilibre dans la prise de décision», a déclaré, hier, Taos Ferroukhi, directrice générale des affaires politiques et de la sécurité internationale au ministère des Affaires étrangères, sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III. «Presque 70% des crises et conflits que traite le Conseil de sécurité à l'ONU, sont des questions africaines. Mais on n'a aucun représentant qui siège au niveau de ce conseil», a regretté Mme Ferroukhi. L'hôte de la Chaîne III a jugé que c'est tout à fait légitime de la part du mouvement (MNA) «de revendiquer aujourd'hui une plus grande participation des pays en développement dans la prise de décision car la situation les concerne». Bien qu'une telle revendication soit difficile à mettre en exécution dans l'immédiat, mais au moins, Mme Ferroukhi suggère que si les pays puissants veulent un monde stable et juste, ces derniers doivent consulter et concerter les pays africains. La responsable a tenu à affirmer que le mouvement des Non-alignés avec 120 Etats membres, «n'a rien perdu de sa pertinence malgré les mutations profondes qu'on voit dans les relations internationales qui sont en pleine recomposition des équilibres géostratégiques». Interrogée sur le rôle du mouvement dans le contexte actuel, Mme Ferroukhi a expliqué que «le mouvement continue de défendre les principes de souveraineté, le respect de l'intégrité territoriale des Etats et la lutte contre les ingérences étrangères». Mais, l'action qui réunit le mouvement aujourd'hui, a-t-elle ajouté, «c'est la quête de développement et de bien-être des peuples et la recherche de moyens de changer les relations internationales pour faire en sorte que la quête des deux tiers de l'humanité soit prise en compte dans les relations internationales». Concernant le programme de la réunion, l'invitée de la Chaîne III a précisé que le MNA «va se pencher sur toutes les questions internationales d'intérêt commun y compris les conflits». Il sera également question d'examiner le projet de document final «traitant l'ensemble des dossiers soumis aux débats et devant être présentés au prochain sommet du mouvement», a-t-elle encore souligné. Evoquant la situation dans la région, en particulier en Libye et au Sahel, Mme Ferroukhi a indiqué que celle-ci est due au processus de «décomposition et d'affaiblissement des institutions libyennes qui a incontestablement favorisé un trafic d'armes doublé de trafic de drogue qui nourrit et finance les activités terroristes en plus de la prise d'otage». C'est pourquoi, les autorités algériennes, selon Mme Ferroukhi, ont fait preuve davantage de vigilance en rapatriant les diplomates algériens et les ressortissants travaillant au niveau de Sonatrach. Pour ce qui est des diplomates algériens retenus en otage au Mali, l'hôte de la Chaîne III a affirmé que «d'après toutes les informations en notre possession, les otages sont toujours vivants et des efforts sont faits dans la discrétion pour qu'ils soient rendus à leurs familles». Abordant le sujet de la lutte contre le terrorisme transnational, Mme Ferroukhi a estimé que «l'Algérie est un acteur incontournable grâce à son expérience». Pour conclure, l'hôte de la Chaîne III a remis en question la stratégie mise au point par l'Otan concernant la Libye. Selon elle, c'est une stratégie qui s'est complètement éloignée de son objectif. Celle de remplacer les anciennes institutions par des institutions démocratiques qui devaient être prêtes à prendre le relais. «La stratégie est complètement inadaptée par rapport à la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme mais surtout par rapport à la redynamisation des institutions libyennes», a déploré Mme Ferroukhi. Pour elle, tous les paramètres qui ont fondé la stratégie de l'Otan en Libye «se sont avérés complètement faux».