L'Algérie qui possède un dispositif juridique des plus performants, en théorie, tarde à traduire ces décisions sur le terrain. L'ouverture de l'Algérie sur l'économie de marché avec tout ce que cela implique comme encouragement des investissements privés, nécessite le recouvrement par l'Etat de sa mission régulatrice. Après trois années de dirigisme et d'Etat Providence, le temps est venu pour que l'économie algérienne s'intègre pleinement dans la nouvelle conjoncture économique. La conclusion de l'accord d'association avec l'Union européenne, la préparation de l'adhésion à l'OMC, appellent à une mise à niveau de l'appareil de production algérien. Toutefois, l'Algérie qui possède un dispositif juridique des plus performants, en théorie, tarde à traduire ces décisions sur le terrain. D'abord en menant une lutte sans merci contre le marché informel, la levée des obstacles bureaucratiques, la réforme des systèmes bancaire et fiscal, et la résorption du sempiternel problème du foncier industriel. Ces entraves à l'investissement, aussi bien national qu'étranger, ont été énumérées par le président de la Confédération générale des entreprises algériennes (Cgea) M. Habib Yousfi. Non sans relever les «résultats satisfaisants» du Plan de soutien à la relance économique (Psre), le président de la principale organisation patronale estime que seule une bipartite avec le gouvernement est à même d'aplanir les litiges en suspens. Tout en qualifiant l'actuel chef de l'Exécutif d'«homme des dossiers et de dialogue» Habib Yousfi a mis l'accent sur la non-application de certaines décisions en matière de concurrence et d'instauration de pratiques économiques légales. Pour ce qui est des IDE (investissements directs étrangers), notre interlocuteur trouve aberrant la persistance du problème du foncier industriel et l'absence d'un fonds de garantie à l'investissement. Par ailleurs pour ce qui est du rôle des banques publiques, le président de la Cgea réfute l'argument du respect des règles prudentielles avancées par ces banques à chaque fois qu'un opérateur les sollicite pour un crédit bancaire. Ces institutions financières travaillent plus avec la sphère commerciale qu'avec les entreprises privées, sachant que ces dernières ne rembourseront ces prêts qu'une année après ou même plus. M.Yousfi, considère, en outre, que la réactivation du conseil de la concurrence est un facteur essentiel à l'instauration de règles saines entre les opérateurs. Concernant l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et la conclusion de l'accord d'association avec l'Union européenne, Habib Yousfi a relevé un manque flagrant de concertation entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques. Pis, ajoute-t-il, l'Union européenne n'a pas mis beaucoup de moyens pour aider l'Algérie. Toutefois, le président de la Cgea est favorable à une coopération bilatérale entre l'Algérie et l'Union européenne. Cependant, quant à l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, Yousfi l'a qualifiée de «véritable aubaine» d'autant plus qu'il s'agit là de négociations bilatérales et multilatérales. En somme, seul un pacte économique et social, soutenu par une volonté politique de rassembler tous les partenaires (syndicat et patronat) est susceptible de mettre un terme aux tergiversations et surtout à la confusion ambiante qui ronge la sphère économique. La seule façon, souligne Habib Yousfi, pour débusquer cette faune d'entreprises du secteur informel qui portent préjudice à des entreprises qui s'acquittent de leurs charges fiscales rubis sur l'ongle.