Le convoi a été attaqué à la fois «par un kamikaze au volant d'une voiture piégée» et par «une mine» placée sur la route. Le favori de l'élection présidentielle afghane Abdullah Abdullah a échappé à une tentative d'assassinat hier à Kaboul lorsque deux explosions ont frappé son convoi, faisant au moins six morts selon la police, ce à huit jours du second tour. Le convoi a été attaqué à la fois «par un kamikaze au volant d'une voiture piégée» et par «une mine» placée sur la route, a déclaré Sayed Gul Agha Hashemi, chef du département d'enquête criminelle de la police de Kaboul. La double attaque a fait au moins six morts et 22 blessés, selon un bilan du ministère de l'Intérieur. Parmi les morts figurent selon la même source «un garde travaillant pour l'équipe d'Abdullah, un policier et deux passants». Selon M.Abdullah, l'explosion a eu lieu alors que son convoi quittait un meeting pour se rendre à un autre. «Il y a quelques minutes, alors que nous partions, notre convoi a été frappé par l'explosion d'une mine», a confirmé M.Abdullah lors du second meeting, retransmis à la télévision. L'attaque, qui n'a pas été revendiquée, intervient à huit jours du second tour de l'élection présidentielle du 14 juin, que les rebelles taliban ont indiqué vouloir faire dérailler par leurs attaques. M. Abdullah, ancien porte-parole du commandant Ahmad Shah Massoud, ennemi historique des taliban, doit y affronter Ashraf Ghani, un ancien économiste de la Banque mondiale, qu'il a largement distancé au premier tour (44,9% des voix contre 31,6%). M.Ghani a aussitôt réagi en condamnant cette attaque contre son rival. «C'est l'oeuvre des ennemis de l'Afghanistan qui veulent faire dérailler le processus démocratique dans le pays», a-t-il écrit sur son compte Twitter. L'attaque a également été dénoncée par le président Hamid Karzai, qui y a également vu l'oeuvre des ennemis de l'Afghanistan, qui ne veulent pas que le pays ait des élections libres et en paix». Les taliban avaient déjà formulé des menaces similaires contre le scrutin avant le premier tour du 5 avril, sans parvenir à empêcher une participation importante. Abdullah Abdullah a engrangé dernièrement plusieurs soutiens qui ont conforté son statut de favori pour le second tour, notamment celui de Zalmai Rassoul, proche du pouvoir sortant arrivé troisième au premier tour (11,4%), et de l'ancien chef de guerre Abdul Rassoul Sayyaf, arrivé lui quatrième (7%). Cette élection désignera le successeur de Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé l'Afghanistan depuis la chute des talibans en 2001, et qui ne pouvait briguer un troisième mandat selon la Constitution. Ce scrutin est considérée comme un test pour ce pays pauvre, en partie contrôlé par les rebelles, toujours déchiré par des violences politiques, criminelles et mafieuses et qui plongera dans l'inconnu après le retrait de l'Otan prévu en fin d'année. Les Etats-Unis, qui dirigent la coalition militaire depuis le début de cette guerre devenue la plus longue de leur histoire, ont proposé d'y maintenir après 2014 9.800 soldats, qui le quitteront progressivement d'ici à la fin 2016. L'application de ce calendrier dépendra toutefois de la signature par le futur président afghan du Traité bilatéral de sécurité (BSA) encadrant les conditions d'une présence militaire américaine après 2014.