Photo du bébé prise avant son enlèvement Le nouveau-né âgé à peine de 4 jours avait été admis à l'hôpital pour une jaunisse. A l'image d'une société dépassée et lasse et d'un système hospitalier archaïque, les CHU se trouvent aujourd'hui dans une situation préjudiciable. On est loin de cette considération à l'égard du patient, d'où la rupture avec la conscience professionnelle. Malgré les moyens fournis par l'Etat, c'est le dysfonctionnement de l'appareil administratif, la désobéissance des instructions émanant de la tutelle, le laisser-aller et l'insécurité totale. Le staff médical n'est pas le seul à être confronté aux risques, les patients aussi. Un nouveau-né a été enlevé y a une dizaine de jours de la maternité du CHU de Constantine. Une complicité interne n'est pas à écarter, dans la mesure où la disparition de Laith Mahfoud Kaoua a été constatée au moment où les visites sont interdites. Le bébé était âgé à peine de 4 jours et avait été admis à l'hôpital pour une jaunisse. Aucune trace depuis, les parents qui ont interpellé les ministres de la Justice, de l'Intérieur et de la Santé craignent le pire pour leur enfant. Cet enlèvement rappelle incontestablement celui de Haroun et Brahim retrouvés morts après plusieurs jours de séquestration par deux repris de justice qui n'ont eu aucune pitié de leurs âmes innocentes. Les deux anges avaient été abusés par leurs agresseurs qui ont été condamnés à la peine capitale. Mais de l'avis de certains experts, l'enlèvement du nouveau-né n'est pas similaire, il s'agit probablement «d'un kidnapping passionné», autrement dit pour un objectif d'adoption. Pour ces mêmes experts, l'onde de choc et l'ampleur de cette affaire rendront plus prudent l'auteur de ce crime, qui pensera même à quitter la ville. Cet enlèvement qui continue d'ébranler les employés et notamment la famille de la victime, a eu un impact foudroyant sur la population qui s'adonne à répandre les plus folles rumeurs dont la dernière fait état que le bébé aurait été enlevé par un médecin et conduit à Souk Ahras, ce qui a été démenti par des sources sécuritaires proches de l'enquête. D'autres iront jusqu'à dire que le bébé est en Tunisie et que derrière cet enlèvement, un réseau international de trafic d'organes. Jusqu'à hier matin, aucune nouvelle du bébé, ajoutent nos sources qui confient que la famille du bébé va observer un autre mouvement de protestation devant le CHU, assurant que le ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf, suit lui-même cette affaire. Dans le même contexte, précisent encore nos sources, le ministre a donné des instructions fermes en ce qui concerne ce dossier en priorité, mais aussi d'autres. Pour nos sources, plus le temps passe, plus l'affaire devient complexe, notamment que toutes les pistes entreprises n'ont pas encore abouti. Rien n'est à écarter dans la mesure où les raisons du kidnapping ne sont pas élucidées. Dans la rue, les cafés et les lieux publics, tout le monde en parle. Les Constantinois qui n'ont pas encore oublié l'affaire des deux enfants, de Haroun et Brahim, condamnent avec les plus sévères termes cet acte criminel tout en exprimant leur soutien aux parents du nouveau-né enlevé. «C'est un fait criminel, comment peut-on être aussi inhumain et enlever un bébé à ses parents» s'indigne une mère de famille. Un jeune d'une trentaine d'années martèle: «Je n'ai pas d'enfants, mais j'imagine le chagrin de ses parents, c'est inacceptable», pour ce grand-père qui porte son petit-fils de deux ans «je ne sais pas ce que j'aurai fait à la place des parents, c'est affreux d'être aussi lâche. Il n'y a pas de mots pour décrire cet acte.» Sur les réseaux sociaux, la photo du bébé enlevé est largement diffusée. Le sujet est traité par plusieurs pages sur Facebook, sollicitant les internautes à faire part de la moindre information. Pour les spécialistes, il existe plusieurs formes différentes dans les enlèvements de bébés. Les plus probables dans l'affaire du CHU de Constantine, soit c'est un inconnu pour des buts criminels (enlèvement pour rançon, viol, torture, assassinat, traite des êtres humains, etc.), soit pour qu'il devienne son propre enfant. Fait généralement commis par des femmes (ou des couples) psychologiquement fragiles en «mal de maternité» ou ayant perdu un enfant en bas âge. Une autre hypothèse fait état que le bébé a été enlevé pour se venger des parents. Il est aussi possible qu'il s'agit d'un réseau et c'est le pire pour les parents. Un cas similaire d'enlèvement d'enfants a été enregistré en Algérie pour les déplacer en Europe, notamment vers la France où ils sont adoptés en contrepartie de grosses sommes d'argent. Pas moins de 13 personnes sont impliquées dans cette affaire (algérienne et française) qui ont mis en place un réseau pour faire disparaître un grand nombre d'enfants et leur déplacement vers l'étranger à travers de fausses procurations. Il avait été démantelé par les services de sécurité en 2009. Tout a commencé par le décès d'une jeune fille lors d'un avortement dans une clinique sise à Aïn Taya (Alger), appartenant à un médecin, H. K, principal accusé dans ce dossier criminel. Les investigations avaient fait état que ce mis en cause, médecin généraliste, se faisait passer pour un obstétricien propriétaire d'une clinique à Aïn Taya. Avec l'aide de sa soeur, il prenait en charge gratuitement des femmes enceintes célibataires jusqu'à ce qu'elles accouchent et exploitait aussi les foetus avortés qu'il conservait dans un produit spécial et les exportait vers l'étranger. Dans leur enquête, les services de sécurité sont parvenus à récupérer trois enfants au domicile d'une puéricultrice exerçant dans une pouponnière à El Biar, et découvert «12 certificats d'adoption» rédigés entre 2005 et 2006, dans lesquels figurent neuf enfants déjà expatriés de manière illégale et dont la prise en charge a été confiée à d'autres personnes moyennant une somme d'argent.