Des discussions directes entre l'Iran et les Etats-Unis ont suivi la rencontre historique entre les deux chefs de la diplomatie des deux pays, MM. Kerry et Zarif (archives) La rencontre de Genève avait été annoncée samedi dernier par les Iraniens puis confirmée du bout des lèvres par le département d'Etat. Représentants américains et iraniens ont entamé hier leur seconde et dernière journée de discussions sur le programme nucléaire de Téhéran, les Iraniens s'engageant dans les jours suivants dans une série de bilatérales avec la France, la Russie et l'Allemagne. Les discussions se tiennent à l'abri des caméras dans l'hôtel Président Wilson, sur les bords du lac Leman, interdit à la presse et rien à filtré sur les cinq heures de réunion lundi. Ils se sont retrouvés hier en début de matinée et devraient se réunir toute la journée. La rencontre de Genève avait été annoncée samedi par les Iraniens puis confirmée du bout des lèvres par le Département d'Etat. C'est la première fois qu'Iraniens et Américains se retrouvent officiellement face à face dans un tel format depuis la rupture il y a 35 ans de leurs relations diplomatiques suite à la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran. Ils se sont depuis cette date rencontré à maintes reprises mais pas sous un tel format annoncé publiquement. Des discussions avaient eu lieu en 2013 à Oman, mais n'avaient été révélées que par la suite. On se parle à Genève mais l'heure n'est pas encore à la photo souvenir et la presse est rigoureusement tenue à l'écart. Ces discussions sont en effet un sujet de polémique aussi bien aux Etats-Unis, avec les critiques des faucons et les défenseurs d'Israël qui mettent en doute la sincérité des intentions de Téhéran, qu'en Iran où les adversaires d'une ouverture vers Washington sont en embuscade, prêts à dénoncer tout franchissement de «lignes rouges» par les négociateurs. «En dépit des différentes opinions au parlement, globalement le parlement soutient la voie suivie dans les discussions nucléaires en restant dans le cadre de la protection des droits des Iraniens et des réalisations pacifiques des scientifiques», a affirmé hier, selon l'agence Irna, le président du parlement Ali Larijani, ancien négociateur nucléaire et tenant de la ligne dure, dans un entretien avec Kishi Novu, vice ministre des Affaires étrangères japonais. Les discussions bilatérales entre Français et Iraniens prévues aujourd'hui auront lieu à Genève, a indiqué hier le chef de la diplomatie française Laurent Fabius sur France Inter. «Nous allons les voir à Genève», a déclaré le ministre, qui avait annoncé la veille depuis Alger la tenue de ces discussions bilatérales. L'Iran a cette semaine des consultations similaires avec les Etats-Unis, la France et la Russie. Elles visent à préparer la prochaine session avec le 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), du 16 au 20 juin à Vienne, où les deux parties espèrent débuter la rédaction d'un accord global qu'elles souhaitent conclure avant le 20 juillet. Après la réunion avec Nicolas de Rivière, le nouveau représentant de la France aux négociations, la délégation iranienne dirigée par le vice ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi rencontrera à Rome une délégation russe, puis dimanche à Téhéran le représentant allemand Hans Dieter Lucas. Ces négociations ont reçu une note positive inattendue d'un général israélien, Itai Brun, chef de la division de recherche des renseignements militaires. Dans une intervention lundi dernier à la conférence annuelle Herzliya sur la doctrine de sécurité d'Israël, il a estimé que l'Iran respecte l'accord intérimaire conclu en novembre dernier avec les grandes puissances et que la pression des sanctions économiques «le conduisent au dialogue, que nous considérons comme sérieux en vue d'un accord permanent». Il a tablé sur «une signature cette année» mais a aussi prévenu que «la vision et la volonté de l'Iran de parvenir à la capacité nucléaire demeurera même si un accord est signé. La question de savoir s'ils en seront capables dépendra des termes de l'accord».