Ramtane Lamamra avec le président malien Depuis son arrivée au département des affaires étrangères, un certain 11 septembre 2013, la mission du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, était de récupérer le terrain perdu de l'Algérie au Mali. En tant que chef de la diplomatie algérienne, Lamamra a réussi à s'imposer comme un grand interlocuteur et négociateur hors pair dans la crise qui secoue le Sahel. L'Algérie qui s'est attelée depuis l'éclatement du conflit au Mali a déployé tous les efforts pour réunir les conditions nécessaires à un dialogue inclusif entre les différents mouvements du Nord et le gouvernement central à Bamako, en vue de rétablir la paix et la sécurité dans ce pays. Le ministre Lamamra qui bénéficiait déjà d'une excellente réputation de diplomate en Afrique de par sa qualité d'ambassadeur à disposition, de commissaire pour la Paix et Sécurité de l'Union africaine entre 2008 et 2013, connaissait tous les problèmes de sécurité dans la région. Américains, Français et même Maliens saluent la sagesse et le sens de la diplomatie du ministre algérien. Même le nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Keita, est conscient du rôle du ministre algérien dans le règlement de la crise dans son pays. Il avait demandé, lors de sa visite à Alger, en janvier dernier, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l'aide de l'Algérie pour un dénouement heureux de la crise malienne. Il avait affirmé, en mai dernier, en recevant le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, alors en tournée dans la région, que les liens unissant l'Algérie et le Mali «sont tellement profonds qu'aucune conjoncture ne pourrait les remettre en cause», soulignant que l'Algérie avait «le souci permanent de refonder le tissu d'un Mali déchiré et lardé». Aussi, au terme de la tenue du la 2e session du comité bilatéral stratégique algéro-malien en avril dernier à Alger, le Mali avait exprimé son «attachement» au rôle de l'Algérie dans le lancement et la réussite d'un dialogue inter-malien inclusif dans les «meilleures conditions». L'Algérie a «toujours répondu favorablement» à l'appel du Mali durant ses périodes de crise, avait souligné le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait, maintes fois, souligné la nécessité de privilégier la voie du dialogue inter-malien pour un règlement définitif de ce conflit et permettre à ce pays de renouer avec la dynamique de reconstruction et de consolidation du processus démocratique. L'accord signé cette semaine par les trois mouvements du nord du Mali: le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (Hcua) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) est déjà une étape vers la grande victoire de la diplomatie algérienne dans la région. Les principaux dirigeants de ces trois mouvements étaient réunis depuis jeudi à Alger pour des consultations «exploratoires», après l'accord de cessez-le-feu signé le 23 mai avec Bamako. Ce dialogue inter-malien vise à trouver une solution «définitive» à l'instabilité dans le nord du Mali par «la prise en charge des revendications légitimes de la population locale dans le plein respect de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale du Mali». L'adoption de la Déclaration d'Alger s'inscrit dans «l'esprit» des consultations exploratoires engagées par l'Algérie pour réunir les conditions de «succès» du dialogue intermalien «inclusif». Conscient des enjeux de cette crise et de ses répercussions sur toute la région du Sahel, M.Lamamra avait soutenu qu'il fallait ouvrir de «nouveaux horizons» et de «nouvelles perspectives» pour des lendemains «quantitativement meilleurs» dans toutes les sphères maliennes, soulignant la qualité «excellente» des relations bilatérales entre l'Algérie et le Mali. Il avait indiqué également que le Mali était dans une période «particulièrement importante» de son histoire, soulignant qu'avec le concours des pays voisins et des pays africains, ce pays parviendra «inexorablement à transcender une conjoncture extrêmement difficile». «Nous devons travailler main dans la main, avec persévérance, afin de réunir les conditions d'un dialogue inter-malien inclusif le plus tôt possible», avait soutenu le chef de la diplomatie algérienne. Les efforts de l'Algérie dans la résolution de la crise malienne ont été hautement salués par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui n'a pas manqué de rendre hommage à l'Algérie pour son «rôle pacificateur» dans la région. La France qui a joué un rôle majeur sur le plan militaire pour faire sortir les groupes armés du nord du Mali n'arrive pas à trouver une solution politique au Mali. La crise malienne avait éclaté en 2012 lorsque des groupes armés ont occupé le nord du pays et restent très actifs en dépit de l'intervention militaire lancée en janvier 2013 sous l'égide de la France. Ces groupes sont exclus des négociations de paix dans la région. Enfin, l'autre importante priorité du ministre Lamamra est la libération des diplomates algériens retenus par les groupes armés dans les montagnes du Mali. De par la complexité de l'opération, Lamamra entend rester silencieux sur le dossier jusqu'à la libération totale des diplomates algériens.