Plusieurs morts et blessés, hier, dans deux attentats à Mossoul et à Baaqouba au moment où le Conseil de sécurité finalise le projet de résolution. La cascade d'attentats de ces derniers jours, dont ceux d'hier à Mossoul et Baaqouba qui ont occasionné une douzaine de morts et près de 70 blessés, accentue le cauchemar que vivent les Irakiens et semble avoir un lien avec le projet de résolution américano-britannique sur l'Irak, qui devait, en principe, être voté hier dans la soirée. Aussi, cette recrudescence de la violence ne semble pas fortuite mais donne plutôt l'impression qu'elle vient à point pour desserrer l'étau sur les villes saintes du centre de l'Irak (Najaf, Kerbala et Koufa - dans cette dernière ville, la mosquée ou prêchait le chef radical chiite Moqtada Sadr a été totalement détruite lundi -) sur le pied de guerre depuis plus de deux mois. En effet, les attentats d'hier ont eu lieu dans deux villes du nord, Mossoul et Baaqouba, les faisant renouer avec les horreurs de la guerre. Ces attentats ponctuels, qui avaient quelque peu cédé le pas à la guerre que faisaient les miliciens de Moqtada Sadr aux marines américains, reviennent ainsi à l'ordre du jour avec les deux attentats à la voiture piégée hier et ceux de dimanche contre la base américaine de Taji (au nord de Bagdad) dans lesquels plusieurs Irakiens ont trouvé la mort. D'autre part, dans ce décompte macabre, on signalait hier la mort «au combat» d'un soldat américain et celle de six soldats de la force multinationale, dont deux Polonais, un Letton et trois Slovaques, qui ont été tués lors d'un opération de déminage. Cette avalanche de la violence en Irak intervient au moment même où le projet de résolution américano-britannique, dans sa nouvelle version, semblait emporter l'adhésion et faire l'unanimité parmi les quinze membres du Conseil de sécurité, notamment les trois autres permanents (Chine, France et Russie). Ce consensus permettait à l'ambassadeur américain, John Negroponte, d'indiquer lundi : «Nous comptons sur une mise au vote demain (hier) vers 16h (20h GMT). Le (laborieux) compromis trouvé au Conseil de sécurité est toutefois quelque peu battu en brèche par la réalité sur le terrain marquée par la recrudescence de la violence avec sa cohorte de morts et de blessés. En fait, sans accéder totalement aux demandes de Paris, Moscou et Pékin -qui réclamaient une sorte de droit de veto pour le gouvernement intérimaire irakien sur les affaires de sécurité - Londres et Washington ont cependant remanié leur projet dans le sens voulu par leurs partenaires pour lui donner une chance de passer au vote et d'être adopté en tant que résolution de l'ONU. Ainsi, le projet corrigé, «s'engage à ce que le gouvernement irakien et la force multinationale (FMN), maintenue après le transfert de souveraineté le 30 juin, coopèrent sur les questions de sécurité y compris les mesures concernant les opérations offensives sensibles». Cette formulation ne semble pas satisfaire totalement, notamment la France et la Russie, mais préserve quelque peu le droit de regard de Bagdad. Au plan interne, le Premier ministre Iyad Allaoui, tout en faisant une ouverture envers le chef radical Moqtada Sadr, l'invitant à un «dialogue rationnel» affirme néanmoins, que l'Etat ne permettra pas «à des milices d'agir en dehors des institutions». M Allaoui a ainsi indiqué : «Nous sommes dans un nouvel Irak où personne ne doit imposer son point de vue. Je l'invite (Moqtada Sadr) à un dialogue rationnel et au respect du point de vue de l'autre pour rééditer l'époque sombre de Saddam Hussein», soulignant : «Nous répétons que l'Irak traverse une période intérimaire. Nous aurons des élections et là le peuple aura son mot à dire et élira des dirigeants qu'il souhaite, que ce soit Sadr ou un autre. J'espère qu'il optera pour des méthodes démocratiques et mobilisera la masse et la rue sur cette base». Justifiant l'appel au maintien pour un certain temps de la force multinationale, le chef du gouvernement provisoire ajoute : «Nous ne pouvons pas faire face tout seuls à tous les problèmes, notamment sécuritaires. Une force multinationale opérant sous l'égide des Nations unies et dont une partie sera composée de forces arabes et islamiques sera bénéfique pour l'Irak», ajoute-t-il.