Le mois de Ramadhan est le mois des affaires juteuses pour les commerçants. Boucheries et marchés de fruits et légumes sont pris d'assaut. A deux jours seulement du Ramadhan, les ménages commencent déjà à vider leurs porte-monnaies. «Les files d'attentes ont commencé à se former à partir de 8h du matin et cela depuis trois jours seulement», a affirmé le propriétaire d'une boucherie à Kouba. Si le Ramadhan dans la religion est un mois de paix et de pardon, pour les marchands c'est plutôt un eldorado des bonnes affaires avec les prix qui augmentent par enchantement. En effet, ces derniers profitent durant cette période pour tirer profit de la forte demande sur quasiment tous les produits. Nous nous sommes rendus, hier, au marché de Ben Omar où on a constaté un monde fou dans les magasins, spécialement les boucheries. Nombreux étaient les citoyens qui préfèrent faire leurs provisions avant quelques jours de ce mois sacré. Seulement, les prix s'emballent déjà. Alors que la pomme de terre cédée il y a quelques semaines seulement à 30 DA le kg, elle est passée à 70 DA. Même chose pour la tomate qui est à 80 DA le kg, la courgette et la carotte sont à 70 DA le kg et les haricots verts sont à 150 DA. Pour les fruits, les dattes sont chiffrées à 600 DA le kg, les raisins secs, un produit incontournable durant le «shor» pour les familles algériennes, est affiché à 350 DA. Les fruits de saison restent à désirer, la nectarine est à 250 DA le kg et la pêche à 200 DA. Concernant les prix des viandes rouges, celle du veau est estimée entre 750 et 900 DA le kg, tandis que la viande d'agneau est chiffrée à 1200 DA le kg. Pour ce qui est du prix du poulet, ce dernier coûte 350 DA le kg, des prix chocs qui ne semblent pas trop surprendre les clients. C'est le cas de Malika, une femme au foyer qui est venue renouveler sa vaisselle spécialement pour le mois sacré. «On s'attendait à ce que les prix soient doublés, chose qui n'est pas étonnante, d'ailleurs, on commence à se préparer psychologiquement un mois avant, tout en économisant le maximum pour pouvoir passer cette épisode», a-t-elle indiqué. Idem, pour les consommateurs qui étaient sur place, selon eux la flambée des prix ne date pas d'aujourd'hui. Ils se disent ne pas être choqués par ces augmentations vertigineuses, «c'est devenu une tradition» lance ami Mohamed, père de famille à la retraite. L'autre tradition adoptée par les familles algériennes et spécialement algéroises, est celle du renouvellement de la vaisselle de table à l'approche de Ramadhan. Le marché de Ben Omar regorgeait de la gent féminine, toutes devant les magasins de vaisselle. Les ménagères consacrent une part de leur budget familial au renouvellement de la vaisselle de table, les rideaux et les nappes. «Le Ramadhan est un invité, il ne vient qu'une seule fois par an alors il faut bien l'accueillir, comme il se doit», a lancé une dame croisée dans le marché à la recherche d'une nouvelle nappe. A Meissonnier, Dubaï, El Harrach, ou Badjarrah, les ménagères s'empressent de faire leurs emplettes pour accueillir comme il se doit le mois sacré. Un gérant d'une grande boutique de vaisselle au quartier commercial de Dubaï, sis à Bab-Ezzouar, confirme que le rituel du renouvellement de la vaisselle est scrupuleusement respecté. «Le mois de Chaâbane est la période où l'on réalise notre meilleur chiffre d'affaires», a souligné le gérant. A cette occasion religieuse, les étals des boutiques exposent une large variété de produits: services de table, bols à «chorba», coupes pour salade de fruits. Tous les articles proposés à la vente sont importés de différents pays tels que la Chine, la France et la Turquie, cités comme étant les principaux pays fournisseurs. Il est opportun de dire ainsi que les familles modestes puisent au fond de leurs économies. Ce phénomène continue de frapper la famille algérienne à modeste revenu, qui se retrouve parfois dans l'obligation de recourir à l'emprunt.