Quatre agents saoudiens arrêtés en novembre dernier à La Mecque auraient été recrutés par Tripoli pour assassiner le prince héritier Abdallah, actuel régent du royaume wahhabite. Abdel Rahmane Amoudi, un Américain de confession musulmane, a reconnu avoir séjourné en Libye en juin et août 2003, en violation de l'interdiction des Etats-Unis à ses ressortissants de se rendre dans ce pays en application de l'embargo imposé au régime de Kadhafi. Amoudi certifie avoir rencontré à deux reprises le leader libyen, avec lequel il aurait discuté des modalités de l'organisation de l'attentat visant à tuer le prince Abdallah. Lors de son arrestation en octobre 2003 pour violation de l'embargo, Amoudi a affirmé aux enquêteurs américains que le guide de la révolution libyenne lui avait demandé ce qui suit : “Je veux que le prince héritier meurt, soit dans un attentat, soit dans un coup d'Etat.” Ces assertions sont corroborées par l'information rapportée par Asharq Al Awsat dans son édition d'hier relative à l'arrestation en novembre dernier à La Mecque de quatre Saoudiens dans un hôtel, alors qu'ils s'apprêtaient à mettre en exécution l'attentat. L'hôtel se trouve en face du palais où devait résider le prince Abdallah au cours de son séjour dans la ville sainte de La Mecque. Les quatre hommes auraient prévu de mener leurs attaques avec des roquettes anti-char ou un autre genre de roquettes. Les autorités saoudiennes détiendraient une preuve irréfutable quant à l'implication de la Libye dans ce complot. Un membre des services secrets de la Jamahiriya libyenne, le colonel Mohamed Ismaïl, est détenu en Arabie Saoudite. Il aurait avoué être le commandant opérationnel de l'attentat. Son arrestation a eu lieu dans la capitale égyptienne par les services de sécurité de ce pays à la demande de leurs homologues saoudiens qui se sont rendu compte tardivement de sa fuite du royaume, après l'arrestation des quatre agents chargés de l'exécution de l'opération. Le colonel Ismaïl a pris le vol Djeddah en direction du Caire où il a été “cueilli” à sa descente d'avion et renvoyé illico-presto en Arabie Saoudite. Les soupçons du renseignement saoudien ont été éveillés par les mesures de contrôle des transferts des fonds qui ont permis de relever qu'un montant de un million de dollars US était destiné au compte bancaire du colonel Ismaïl dans une agence de la banque Al Rahji à La Mecque. Pour justifier cette somme importante, l'agent libyen a déclaré que celle-ci devait servir à couvrir les dépenses du pèlerinage de l'épouse de Kadhafi. Quoi qu'il en soit, les relations entre Tripoli et Riyad ont toujours été marquées par des pics de tension. La prise de bec entre Kadhafi et le prince Abdallah lors du sommet de la ligue arabe qui avait précédé la guerre contre l'Irak est encore fraîche dans les mémoires. Les deux hommes se vouent une haine réciproque et ne se sont jamais abstenus d'échanger les critiques les plus acerbes. K. A.