Ce sera là le plus grand challenge du président Raouraoua. Alors que la saison footbalistique n'est pas terminée (il reste à disputer la finale de la Coupe d'Algérie) l'heure est aux assemblées générales des clubs. Le ministère de la Jeunesse et des Sports leur a adressé une note, par le biais des DJS, leur fixant le 30 juin comme date limite de la présentation des bilans moral et financier des équipes dirigeantes. Certains d'entre eux ont déjà procédé à la tenue de cette AG ordinaire. Les uns, auréolés d'un titre de champion de la D2 et d'une accession en D1, comme l'OMR, n'ont eu aucun mal à l'organiser. Chez eux, tout s'est fort bien passé. Les autres, traînant derrière eux le résultat d'une saison ratée comme l'USMH, puisque l'accession n'a pas été obtenue, ont connu une AG houleuse et le président qui était en place n'a même pas eu le temps de présenter ses bilans moral et financier. Les gens qui avaient contribué à faire capoter l'AG des bilans avaient fait savoir que ce qui les intéressaient, c'était de voir un nouveau président à la tête de l'USMH. Ils ont fini par obtenir gain de cause. Ce scénario-là n'est pas sans nous rappeler celui qui avait amené Mohamed Lefkir à la tête du CRB il y a 4 ans. Ce jour-là, celui qui l'avait précédé à la tête du Chabab, à savoir Djillalli Selmi, pourtant nanti d'un bilan sportif positif, étant donné que le club venait d'être sacré champion d'Algérie, avait refusé de rentrer dans la salle pour présenter son bilan car il estimait que de nombreux participants à l'AG n'auraient jamais dû en faire partie. Bref, sans Selmi, on avait alors procédé à un semblant d'AG élective pour placer Lefkir à la tête du club. Tout le processus était entièrement illégal mais avait malgré tout, reçu la caution de la DJS au nom d'une prétendue paix sociale. C'est-à-dire qu'on ne voulait pas avoir d'histoire dans le quartier de Belcourt. Voilà comment Lefkir avait été installé à la tête du CRB et comment Selmi avait eu l'autorisation de la DJS de s'en aller sans jamais présenter de bilan. Des pratiques de la sorte, le pays en regorge. Des DJS reçoivent, ainsi, des instructions de leurs wali ou du MJS pour ne pas trop en faire au niveau des clubs, car socialement parlant, ces derniers touchent à une grosse partie de la population, notamment juvénile et on ne veut pas que celle-ci s'agite trop. De telles démarches vont à l'encontre des dispositions de la loi 90-31 sur les associations et l'ordonnance 95-09 sur le sport. Ainsi, pour calmer le jeu à El Harrach, on est passé à l'AG élective en tirant un trait sur l'AG bilans. Il fut un temps où l'on avait même promis un championnat à blanc uniquement pour que leurs quartiers respectifs ne «bouillonnent» pas. Finalement, quelques-uns de ces clubs étaient descendus et aucun quartier n'avait débordé. Contrairement aux informations qu'on avait rapportées aux autorités, les gens avaient vaqué le plus normalement du monde à leurs occupations sans se soucier de leurs clubs et de leurs déboires. Il appartient, donc, aux DJS de faire en sorte que la réglementation soit respectée. Qu'elle soit surtout respectée sur le plan du bilan financier car l'argent utilisé par les clubs est celui que leur a versé l'Etat, donc celui du contribuable algérien. Trop d'argent circule dans le football et le risque est grand de voir une bonne partie de cet argent utilisée pour autre chose que le football. Les AG bilans sont d'ailleurs, à notre avis, des AG bidons juste bonnes à dorloter l'assistance. Il ne sert à rien de parler de recettes et de dépenses. Le tout est de savoir combien d'argent est rentré dans les caisses du club et de débattre sur l'opportunité de dépenses de chaque centime. Qu'on ne parle pas de commissaires aux comptes car ces derniers ne sont enrôlés que pour faire un état des dépenses et des recettes mais ils ne sont pas mandatés pour parler de l'opportunité de la défense. C'est aux DJS de faire en sorte qu'une telle démarche soit observée. Mais vu la pression exercée sur eux, il apparaît peu probable qu'ils le fassent un jour. Pourtant, il y a des wilayas qui ont décidé de prendre leurs responsabilités et de foncer dans le tas. On citera en exemple celle de Mostaganem dont l'assemblée populaire de wilaya vient de décider la création d'une commission de contrôle de la gestion des clubs de sa circonscription. Aux termes de la loi relative aux associations, tout pourvoyeur de fonds, notamment public, est en droit de s'intéresser à l'utilisation des subventions ou aides financières octroyées aux clubs pour promouvoir la pratique et le développement des différentes disciplines sportives. Ce qui se fait à Mostaganem est une première et l'initiative est à encourager car elle démontre que les élus locaux cherchent à répondre aux besoins de la population qui veut savoir ce qu'on fait de son argent. Enfin, il y a la FAF qui compte intervenir bientôt dans le jeu avec la création de sa fameuse direction nationale de la comptabilité qui aura pour mission de fouiner dans les comptes des clubs. Si Raouraoua est suffisamment épaulé, il pourra s'attaquer à ce véritable tabou tant l'on sait que les clubs sont assez puissants pour empêcher quiconque de voir leurs carnets comptables. Ce sera là le plus gros challenge du président de la FAF depuis son élection.