Le politique a pris, par moment, le dessus sur le volet économique. Le projet de rapport sur la conjoncture économique et sociale du second semestre 2003, présenté en plénière des travaux de la 24e session du Conseil national économique et social (Cnes), a suscité l'intérêt des spécialistes lors du débat général qui a eu lieu, réservé à ce document ayant trait à l'informel, le foncier et le système d'information économique. Dans leurs interventions consacrées à la conjoncture économique et sociale du 2e semestre 2003 et à la configuration du foncier : contraintes et développement, les membres du Cnes ont, certes, salué le taux élevé de croissance (6,8%) enregistré par l'Algérie en 2003, mais ont souligné en contrepartie que «cette croissance a été réalisée sans l'apport significatif et nécessaire de la sphère industrielle qui reste faible malgré ses capacités installées». Par ailleurs, ils ont estimé qu'au plan sectoriel cette croissance n'est pas perceptible. Pour l'institution consultative, en dépit de l'amélioration de l'emploi et le niveau des revenus des ménages, la baisse du chômage, les tensions sociales persistent et s'aggravent et sont exprimées souvent par la violence. En outre, les intervenants ont mis à l'évidence les carences de la politique gouvernementale concernant l'investissement. Pour M. Azzouza qui a fait référence à l'abécédaire de la théorie économique «tout marché se doit de répondre à deux facteurs à savoir l'offre et la demande, cependant et avec les mutations qu'a connues le monde depuis les événements du 11 septembre 2001, un troisième facteur est venu se greffer à cette théorie et avec lequel il faudra tenir compte aussi bien au niveau national qu'international. Ce facteur n'est autre que la situation géopolitique». Dans cette optique, l'orateur a franchi le pas pour affirmer que «l'état d'urgence instauré en 2002 bloque l'investissement étranger». «Hormis les zones d'exploitation hydrocarbures qui sont gardées, les autres zones n'offrent pas les conditions requises», a-t-il souligné. Cependant les autres spécialistes ont axé leurs interventions sur le problème du foncier qui risque d'hypothéquer le développement du pays, en raison des pratiques frauduleuses. Tandis qu'Abdelmadjid Azzi, secrétaire général de la fédération des travailleurs retraités a remis en cause les réformes engagées par l'Etat. «En décidant d'opter pour les retraites anticipées et proportionnelles, l'Etat n'a pas dégagé une enveloppe budgétaire pour faire face aux conséquences. Ce qui fait que la Caisse nationale des retraites a enregistré un manque à gagner de 75 milliards de dinars», a-t-il avancé. Pour ce dernier «la relance économique tarde à se concrétiser sur le terrain en dépit de la consolidation des indices macroéconomiques». Une situation qui se répercute négativement sur le marché de l'emploi. Pour y remédier, M. Azzi estime qu'il est temps de lancer les grands chantiers tels que celui des chemins de fer ou des autoroutes seuls à même de déclencher une dynamique dans le développement économique et social. Il a par ailleurs relevé le manque d'entreprises spécialisées, notamment dans le secteur de l'habitat où il est fait appel à des sociétés étrangères. «Cette option n'est pas la meilleure solution», a-t-il plaidé. «Puisqu'elle n'implique pas la main-d'oeuvre nationale et ne résorbe pas le chômage ambiant.» D'autant que «le partenariat reste faible, pour des raisons bureaucratiques», a-t-il estimé.