Les populations ont bien compris qu'il n'y a pas de problème d'eau, mais plutôt de gestion de l'eau. Hier, à Tizi Ghennif, le siège de la mairie a été fermé par les citoyens de Tizi Ghennif et de Mkira pour réclamer l'eau potable dans les robinets. C'est la dernière en date car tout le long de la semaine dernière et pratiquement tout le mois de juin, les actions de colère provoquées par le manque d'eau n'ont pas cessé. A Boudjima, Azazga, Timizart, Makouda, Tigzirt et la liste est longue, la colère des populations gronde. En ce début d'été et surtout de Ramadhan, beaucoup de foyers sont privés d'eau potable. Pourtant, Tizi Ouzou représente, comme le mentionne le document émanant du site de la wilaya, un réservoir d'eau appréciable pour le centre du pays. Le même document signale le problème de capacités de mobilisation qui demeurent encore insuffisantes. C'est justement au niveau de ces capacités de mobilisation qu'il faut chercher la solution. Les pouvoirs publics consentent annuellement des enveloppes budgétaires colossales pour satisfaire la demande. Or, malgré les moyens financiers importants mobilisés par l'Etat, les mouvements de contestation causés par le manque d'eau potable se multiplient essentiellement en ces périodes estivales. A Makouda, il y a une semaine, les villageois de Stita, plus grand village de la commune, ont fermé le siège de la mairie et de la daïra, pour faire entendre leur cri de détresse. Les foyers n'ont pas reçu une goutte d'eau depuis des mois. Avant-hier, c'était au plus grand village d'Azazga de faire de même pour réclamer ce liquide vital. Les habitants du village Chorfa N'bahloul ont dû recourir à la fermeture du siège de lAlgérienne des eaux (ADE) pour faire parvenir leur appel. Les contestataires refusaient tout dialogue avant que l'eau ne coule dans les robinets. Avant-hier, également, c'était à Timizart, commune située dans la daïra de Ouaguenoun que les citoyens du village Izarazen ont dû fermer le siège de la mairie pour crier leur souffrance. En fait, les citoyens, à travers les villages, commencent à se rendre compte d'un phénomène qui a été durant longtemps derrière ce manque, mais que la politique politicienne a relégué à l'arrière-plan. Dans la majeure partie des cas, l'eau est pompée en direction des populations. La déperdition de ce liquide est causée d'abord par les réseaux vétustes. Mais pas seulement. A Boudjima, à titre d'exemple, les grands villages reçoivent l'eau potable à une moyenne hebdomadaire acceptable. Les citoyens de ces derniers ont, il y a quelques mois, procédé à la fermeture du siège de la mairie, à titre préventif qui sonne comme un avertissement à l'adresse des élus locaux. Aujourd'hui, l'eau est présente dans les robinets. Par contre, dans la même commune, des villages souffrent le martyre à cause du manque d'eau. Ce genre de villages n'a jamais haussé la voix devant les élus. Bien au contraire, certains villageois, pas très nombreux, se dressent devant toute initiative de porter le problème devant le bureau du responsable de la commune. Une sorte de béni oui-oui en quête d'une buse ou d'une faveur qu'il n'obtient d'ailleurs jamais. Enfin, les populations ont bien compris qu'il n'y a pas de problème d'eau, mais plutôt de gestion de l'eau.