La crise qui couvait est devenue désormais publique. La tergiversation et la lenteur dont ont fait preuve, jusque-là, les délégués des archs dans leur décision quant à la poursuite ou non des pourparlers avec les pouvoirs publics en vue de régler définitivement la crise de Kabylie, semble porter de plus en plus préjudice à la cohésion de l'instance suprême du mouvement citoyen en Kabylie. Les premières conséquences, très attendues au demeurant, sont apparues au lendemain de la célébration du 3e anniversaire de la naissance de la plate-forme d'El Kseur. Cette date symbole a été, en effet, tout sauf une opportunité en mesure de donner un élan nouveau à la dynamique citoyenne. La crise qui couvait est devenue désormais publique depuis, essentiellement la rupture du round de dialogue de janvier dernier. Quand bien même une tentative de la minimiser serait opérée par certains délégués, il n'en demeure pas moins qu'elle reste présente devenant une réalité difficile à cacher. Hier, la déception se lisait sur tous les visages de ceux qui ont à coeur la situation de ce mouvement et, par ricochet, celle de toute une région mise à mal par une crise qui perdure. Les informations que rapporte quotidiennement la presse nationale ne sont malheureusement pas de nature à susciter l'espoir. Et pour cause ! Il n'est question que d'initiatives personnelles, par-ci et des retraits par-là ou encore des coups de colère comme ce fut le cas, avant-hier, avec le délégué de Tifra, Hanafi Semmar. Autant d'événements que toute une opinion aurait sans doute voulu plus positifs eu égard aux nombreux signaux d'alarme qu'elle avait émis auparavant à travers sa défection mais qui sont ignorés par leurs destinataires. Cela est d'autant plus grave lorsque celui-ci est un ex-détenu et membre des 24 qui ont pris langue avec le chef du gouvernement. Au niveau de la coordination interwilayas, cette volonté apparente de laisser traîner les choses a détérioré la situation. Le wait and see observé depuis la dernière rencontre de Sidi Aïch paraît interminable et ce n'est guère une surprise si l'on assiste à présent à l'étalage des différends sur la scène publique. Si une volonté de reprise du dialogue avec les autorités existe bel et bien et majoritairement chez les délégués de l'interwilayas, force est de constater que le retard dans sa concrétisation, envenime de plus en plus la situation. La rencontre interwilayas de Sidi Aïch, déclarée ouverte depuis bientôt 15 jours, n'a toujours pas repris ses travaux pour trancher définitivement la question. Une occasion en or que beaucoup n'ont pas raté pour créer l'événement inattendu. A défaut d'assister à un débat plus général sur les voies et moyens de capitaliser les trois années de lutte et plus particulièrement sur une stratégie à mener lors des négociations pour arracher le maximum, c'est plutôt l'inverse qui rythme la vie des archs ne suscitant par voie de conséquence, que crainte et désespoir. Voilà où l'on est arrivé à présent. Ce constat n'a évidemment pas laissé indifférents de nombreux délégués qui nous ont contactés, hier, pour exprimer leur indignation face à l'évolution de la situation. Comme Hanafi Semmar, qui a laissé libre cours à sa colère, d'autres délégués se sont manifestés hier pour faire connaître leurs positions. Parmi ces délégués, figurent certains dont le retrait ne date pas d'aujourd'hui. «Nous sommes là, inquiets par la tournure dramatique que prennent les événements», avouent-ils avant de s'étaler sur de nombreux points, qui restent, à leurs yeux, à revoir en urgence. Ne voulant pas faire du bruit gratuitement, ces délégués ont promis de revenir à la charge par le biais d'une déclaration publique afin de porter à la connaissance de l'opinion locale et nationale leurs points de vue et pourquoi pas redresser la situation. Les prochains jours sont-ils porteurs de surprises? Si tel est le cas, espérons qu'elles soient tout simplement heureuses.