Un militant anticolonialiste français, Henri Pouillot, a rendu, hier, hommage à Mohamed Mechati, un des 22 historiques décédé jeudi, dont le combat militant durant la guerre de Libération nationale devrait être, selon lui, un «exemple pour le peuple algérien». «Tu resteras un exemple pour le peuple algérien, l'un de ses valeureux combattants pour la liberté, pour la paix, pour le bonheur des hommes, et tu auras payé cher (prison, grève de la faim...) pour défendre ces idées généreuses», a affirmé, dans une tribune publiée sur son site, le président du collectif Sortir du colonialisme», témoin vivant de la torture coloniale durant la guerre d'Algérie. Henri Pouillot se rappelle avoir rencontré feu Mechati à plusieurs reprises. La dernière remonte à peine à un an. C'était à Paris, aux côtés de l'éditeur Nils Andersson, à l'occasion de la réédition de La Pacification, livre initialement publié en 1960 en Suisse, mais interdit en France. «C'est avec humour, une vivacité d'esprit,... que tu nous commentas avec de nombreux témoignages, comme si c'était hier, de nombreuses anecdotes vécues 50, 60 ans plus tôt», se rappelle encore le militant anticolonialiste et un des principaux organisateurs de la «Semaine anticoloniale et antiraciste» qu'abrite chaque année Paris. Abordant le cheminement militant du défunt, Pouillot évoque la mobilisation très jeune de Mechati dans l'armée française avec laquelle, il prend part à ses campagnes lors de la Seconde Guerre mondiale, de Monte Cassino à Strasbourg, où il a participé à la Libération de la France. Démobilisé en 1945, Mechati rejoint le Parti du peuple algérien (PPA), l'Organisation secrète (OS, structure clandestine armée du PPA), le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld), ainsi que le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (Crua), où il se distingue par son militantisme actif. Début 1954, contraint de quitter l'Algérie pour se soigner en France, lorsqu'il est rétabli, il rejoint la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN) et en sera l'un des principaux responsables. Lors d'un récent entretien à l'APS, le moudjahid avait affirmé que la France se devait de reconnaître ses «méfaits coloniaux» commis 132 ans durant en Algérie, période au cours de laquelle, a-t-il noté, un peuple a été «réduit à l'esclavage». «C'est à la France d'abord de se prononcer, d'avoir ce courage de reconnaître le fait colonial imposé à tout un peuple, durant toute cette période», a-t-il indiqué, en marge d'une rencontre-débat «France-Algérie: le temps du dialogue», organisée à Paris. Le moudjahid Mohamed Mechati est décédé jeudi dernier dans un hôpital à Genève à l'âge de 93 ans. Henri Pouillot se réjouit que son enterrement coïncide avec le 52e anniversaire de la double Fête de la Jeunesse et de l'Indépendance. «Quel symbole!!!», s'est-il exclamé.