Raté! Les salafistes et les baâtistes n'ont pas grand- chose à se mettre sous la dent. La ministre de l'Education nationale vient de réussir son bac. L'examen s'est déroulé dans de très bonnes conditions et les résultats rendus publics avant-hier sont très appréciables. Peine perdue donc pour ce front anti-Benghebrit qui a misé sur un flop au baccalauréat. Attendons alors, la prochaine escapade, mais entre-temps la ministre se serait blindée et rompue au tir au flanc. Dès les premières heures de sa nomination à la tête du secteur, la nouvelle ministre de l'Education a été vilipendée pour ses origines prétendues et descendue en flammes par une campagne misogyne primaire. Comme cela ne l'a pas ébranlée, les détracteurs redoublent d'acharnement. Aux salafistes se sont joints les baâtistes qui croisent leurs tirs. «Au loup, crient-ils, la langue arabe est menacée», reprochant à la ministre un fort penchant pour la «francophonie», pour l'accuser enfin de «francophilie». L'alarmisme s'en va crescendo pour aboutir à ce terrible procès d'intention: Nouria Benghebrit «veut supprimer la langue arabe». Rares sont les membres du gouvernement qui ont été accueillis avec de pareilles salves assassines. Le but étant clair puisqu'il s'agissait de déstabiliser un secteur névralgique, dont l'effectif se compte en centaines de milliers, tous sur les dents à l'approche de l'examen du bac, puis à la veille des résultats de ce même examen. Le danger de cette campagne est double. D'une part, il alimente un mécontentement social aux graves conséquences et d'autre part, il place l'école au centre d'une lutte idéologique, voire même bassement démagogique. Les errements de l'école ont été entamés en 1976, date de la première réforme jusqu'à l'école fondamentale qui a scellé définitivement le sort du savoir dans notre pays. On a abouti à une école rétrograde qui a fait le lit de l'islamisme politique barbare. La suite est connue. Les Algériens ont payé la facture en sang chaud. Faut-il perpétuer le massacre? La sérénité qui a marqué le déroulement des examens dérange-t-elle? Il n'y a pas eu de grabuge, pas d'émeutes cette année. Et cerise sur le gâteau, plus de 60% des admis au bac sont des filles. Mme Nouria Benghebrit n' y est pour rien dans la préparation de cet examen. Elle n'y est pour rien dans le taux de réussite, quand même appréciable passant de 44,72% l'année dernière à 45,01% cette année. Mais elle aurait subi les foudres de ses détracteurs qui l'attendaient de pied ferme. «Taisez-vous maintenant!», devait répliquer la ministre en reprenant son souffle.