La bataille audiovisuelle est passée du clair au péage. Avec la multiplication des télévisions et la hausse des droits télé du football et du cinéma, les gros groupes audiovisuels comme l'italien Mediaset appartenant à l'ex-chef de gouvernement italien Silvio Berlusconi. Après la vente de ses 22% de Digital + à Telefonica, Mediaset négocie l'ouverture du capital de Premium. Le groupe Berlusconi recentre ses activités dans la télévision à péage, face aux grandes manoeuvres de son rival Rupert Murdoch (Sky TV) en Europe. Pour cela, il envisage de s'allier avec le groupe Al Jazeera. L'opérateur qatari n'a pas caché son intérêt pour la plate-forme à péage (1,9 million d'abonnés et 550 millions d'euros de chiffre d'affaires) dans le cadre de sa stratégie de renforcement en Europe. «Mediaset est une réalité importante et pour nous, cela représente une grande opportunité. Tout est possible», a confié récemment à la presse italienne, l'un des membres de la famille royale du Qatar, Ali Bin Thamer al Thani. Après plusieurs mois de tractations, le groupe italien de télévision Mediaset de Silvio Berlusconi a finalisé, vendredi soir, la vente de ses 22% de la plate-forme espagnole Digital + (DTS) pour un prix global de 365 millions d'euros, qui se décompose comme suit: «295 millions d'euros», indique le groupe espagnol dans un communiqué envoyé au gendarme boursier espagnol (Cnmv), auxquels s'ajouteront 70 millions d'euros de parts variables en fonction d'éléments futurs. L'opération intervient un mois après la reprise par Telefonica des 56% de DTS encore détenus par Prisa (éditeur d'El Pais). Ceci va donc permettre au géant espagnol des télécoms de monter à 100% dans le n°1 de la télé payante dans la péninsule Ibérique. Parallèlement, Telefonica pourrait aussi figurer, à hauteur de 10% ou 15%, dans le capital de Premium, la plate-forme numérique de Mediaset, aux côtés de la chaîne arabe Al Jazeera. Au total, l'opérateur espagnol aura déboursé 1,1 milliard d'euros pour prendre le contrôle total de la chaîne qui exploite la licence commerciale de Canal+ en Espagne (sans lien capitalistique avec le groupe français). Les deux groupes n'ont pas rompu les ponts pour autant: Mediaset continuera à fournir des contenus à la chaîne espagnole et Telefonica devrait devenir un des principaux partenaires industriels de Premium, la plate-forme à péage lancée par le groupe Mediaset en Italie en 2005. «Nous dialoguons avec Telefonica pour trouver des collaborations stratégiques», a laissé entendre le n°2 de Mediaset, Pier Silvio Berlusconi, il y a quelques jours, tout en confirmant avoir été approché par «plusieurs acteurs pour un partenariat dans la télévision à péage en Italie». Selon l'agence Radiocor, Telefonica serait prêt à reprendre 10% de Mediaset Premium pour 100 millions d'euros, sur la base d'une valorisation à un milliard d'euros. Le groupe Canal+ (Vivendi) a aussi été cité comme un partenaire potentiel, mais sans l'ombre d'une confirmation jusqu'ici. La réorganisation des activités de Berlusconi dans la télé à péage, intervient au moment où Rupert Murdoch a annoncé son intention de regrouper les actifs européens de Sky. Ainsi, après avoir dominé le monde avec la télévision en clair, Al Jazeera envisage d'être un peu plus présente dans la télévision à péage. [email protected]