Une plate-forme commune pour l'opposition sera élaborée dans les prochains jours. Le passage en force du projet de l'amendement de la Constitution initié par le pouvoir, est plus qu'une évidence. Or, que fera dans ce cas-là l'opposition face au pouvoir qui a opté pour la continuité ou le statu quo? Pourra-t-elle compter sur la rue en sachant que la crise de confiance est ressentie par les citoyens, aussi bien envers le pouvoir qu'envers la classe politique? Faute d'une mobilisation citoyenne conséquente, d'appui et d'accompagnement de l'institution militaire, l'option électorale reste la seule voie indiquée pour l'opposition, de l'avis des analystes. Ainsi, les législatives de 2017 pourront constituer une échéance électorale décisive pour les partis de l'opposition, d'après certains observateurs. Sans construire un bloc cohérent et réellement solide, l'opposition qui a évolué sous la chape de plomb et l'immobilisme du régime, aura toutes les peines du monde à renverser la vapeur. Cela d'autant plus que les règles du jeu politique restent inchangées et le système de gouvernance demeure le même avant et après la révision de la Constitution, indique-t-on encore. L'opposition, à elle seule, ne peut prétendre présenter une alternative crédible au régime, selon des hommes politiques des plus en vue. Sa capacité d'offres politiques et de mobilisation est quasi-faible. Dans ce contexte, Ahmed Ouyahia -dont la compilation de propositions formulées par 63 partis politiques, 32 personnalités, 12 organisations de masses et d'autres universitaires, sera adoptée probablement par le prochain Conseil des ministres-, a souligné clairement que le boycott de ses consultations par l'opposition n'aura aucun impact sur le processus enclenché sur la révision de la Constitution. Après la soumission dudit projet aux deux chambres du Parlement lors de la session d'automne, la Constitution sera éventuellement adoptée par référendum populaire. De ce fait, Ahmed Ouyahia aura ainsi mené et parachevé sa mission pour laquelle il a été rappelé aux affaires politiques et remis sur selle. Toutefois, sans le soutien de la rue, l'opposition aura du mal à réussir sa pression sur le pouvoir pour le ramener à négocier un changement pacifique et ordonné. Ce qui est affiché comme une démarche de dialogue et de concertation, sans limite, devant aboutir à l'élaboration d'un projet consensuel de révision de la Constitution, n'est considéré que comme une énième ruse par l'opposition. Le 10 juin dernier, de nombreux partis d'opposition de toutes obédiences et catégories confondues et d'anciens responsables du gouvernement, se sont retrouvés pour une réunion politique historique à Alger. Ils tentent de constituer un front politique d'opposition pour exiger l'instauration d'une vraie démocratie. Par ailleurs, sur le plan organique, la coordination pour les libertés et la transition démocratique (Cldt) s'est réuni, hier, au siège du MSP. Une commission restreinte pour apporter des amendements, donc élaborer une plate-forme politique commune pour l'opposition, à la lumière des propositions formulées par les participants à la conférence nationale du 10 juin tenue à l'hôtel Mazafran de Zéralda, «a été installée hier», rapporte le communiqué, sanctionnant cette réunion. La nouvelle mouture sera soumise à la validation des chefs des partis de la Cldt, lors de la prochaine réunion, est-il relevé. Les participants à cette réunion ont également abordé la question relative à l'élargissement de la composante de la structure de consultation et de suivi à l'ensemble des participants. Cette problématique sera réglée «une fois que le projet portant sur la plate-forme définitive sera remis à l'ensemble des participants à la Conférence nationale de transition précédente». La Cldt compte également organiser «une conférence thématique sur les modèles de transition démocratique avant la fin du Ramadhan».