"Génie", "légende": la presse espagnole pleurait mardi Alfredo Di Stefano, la "Flèche blonde" du Real Madrid, admiré par des millions de personnes durant l'isolation de l'époque franquiste, les éloges pleuvant aussi dans les journaux catalans, qui rappelaient son transfert frustré au Barça. Le premier journal sportif espagnol, le madrilène Marca, avait choisi une couverture épurée, blanche, montrant la seule silhouette de dos du joueur, portant son célèbre maillot blanc frappé du numéro 9 et saluant comme pour un adieu. Lui consacrant un cahier spécial de 40 pages, Marca demandait à son club, le Real Madrid, de "retirer le (maillot) 9 pour un hommage éternel". "Le génie du football meurt", titrait le premier quotidien espagnol El Pais sous une photo en noir et blanc de Di Stefano, les bras levés au ciel, sautant dans les airs après un but lors de la demi-finale de la coupe d'Europe de 1958. "Alfredo Di Stefano fut un joueur intemporel pour tous les temps, pour l'éternité", pouvait-on lire sous la photo. "Di Stefano restera pour toujours le premier grand monument du football." "L'homme qui révolutionna le football", écrivait El Mundo en Une sous une photo du joueur, âgé, saluant la mémoire du "premier modèle de footballeur complet". Dans un supplément spécial, ouvrant sur la même photo en noir et blanc de 1958, un journaliste affirmait: "l'adieu au génie a provoqué un énorme vide: car tout le monde était convaincu qu'il ne partirait jamais. Il se peut que ce soit vrai et qu'il ne parte jamais complètement". Le journal sportif madrilène AS dédiait sa double page, dépliante, de couverture à l'image mythique de 1958. "Dans l'Espagne pauvre, isolée, vieillie, et centrée sur elle-même de la deuxième moitié des années 1950, on pouvait se raccrocher à quelque chose: le Real Madrid, la Coupe d'Europe, ces matchs lointains à Belgrade, Vienne, Milan, Bruxelles, Glasgow. La vieille, ferme et prestigieuse Europe ne s'inclinait devant nous que lorsque le Real Madrid jouait. Et Di Stefano", écrivait son directeur Alfredo Relano. Les hommages étaient aussi unanimes chez les deux grands journaux sportifs catalans, Mundo Deportivo et Sport, lançant l'"adieu à un mythe" et au "champion qui a changé l'histoire". Tous deux rappelaient son transfert avorté au Barça: "Le franquisme n'avait pas permis qu'il joue avec Kubala au FC Barcelone", lançait Mundo Deportivo tandis que Sport rappelait "Le Barça l'avait signé mais il finit par faire du Madrid un champion".