Nadia Labidi Cherabi multiplie les actions et les sorties sur le terrain Nommée à la tête du ministère de la Culture depuis à peine trois mois, en remplacement de Khalida Toumi, la productrice et cinéaste qu'est aussi Nadia Labidi Cherabi multiplie les actions et les sorties sur le terrain et semble déterminée à aller de l'avant mais à condition de faire ce chemin ensemble avec les artistes algériens. Elle évoque ici avec nous, la conception de sa politique... Rencontrée au Palais de la culture lors d'une cérémonie de remise de matériels sonores et autres équipements et instruments de musique aux directeurs de wilayas du Sud, elle a bien accepté de répondre à nos questions.. L'Expression: Vous avez entrepris, il n'y a pas longtemps, la démarche de dialoguer avec les artistes. Une démarche interrompue suite au décès de l'artiste-peintre Abdelhamid Laroussi. Un mot sur cette action... Nadia Labidi Cherabi: En réalité, cette démarche qui consiste à nous retrouver pour échanger et essayer d'être vraiment à l'écoute sera sous forme de réunions conviviales. C'est une initiative qui a commencé, il y a un mois déjà. La première démarche consistait à réunir tous les directeurs de wilayas... On avait constitué des ateliers. L'objectif était, dans une première étape, de nous réunir autour du programme du mois de Ramadhan et du programme estival. On a constaté qu'entre les villes côtières et les villes du Sud, il y avait une différence au niveau du programme dans le sens où les villes du Sud manquaient surtout de moyens pour appliquer leurs programmes. La décision a été prise d'apporter une réponse immédiate et concrète. Il est évident que ce n'est qu'une initiative très limitée, car l'important est de réfléchir à une stratégie qui concernerait l'ensemble des wilayas de façon permanente afin que les directeurs de wilayas soient présents sur le terrain, qu'ils puissent avoir les moyens aussi de travailler et de recueillir les propositions des artistes qui sont sur le terrain. Nous avons voulu pour cette fois, de façon très symbolique, accompagner particulièrement les wilayas du Sud pour qu'elles puissent disposer de sonorisations, de matériels, d'équipements musicaux qui seront remis aux associations. Après cela, il va y avoir tout un travail qui sera fait au niveau national. Toute une réflexion sera faite également autour des musées, pour que ces derniers puissent être ouverts au public et que celui-ci puisse être encouragé à venir visiter les musées. A cette occasion, le 18 juillet sera la nuit des musées, partout, que ce soit les musées en plein air ou les musée en dehors de la wilaya d'Alger. Ils seront tous ouverts au public... Qu'en est-il de ces rencontres pragmatiques avec les artistes d'Alger que vous comptez rencontrer donc cette semaine? La rencontres avec les artistes est dans le prolongement de cette démarche. Evidemment, il était très difficile de se retrouver pour débattre de l'avenir des arts plastiques alors que c'était le troisième jour du décès de M.Laroussi. Beaucoup étaient partis voir sa famille. Lhommage a été rendu évidemment. On a décidé de laisser passer la semaine et reprendre une semaine après les débats.. La première rencontre aura lieu donc aujourd'hui toujours avec les arts plastiques et le reste des réunions sont maintenues comme elles ont été programmées initialement. (La prochaine rencontre dédiée au cinéma se tiendra le 17 juillet au Palais de la culture. Ndlr). L'objectif est d'échanger avec les professionnels. C'est une rencontre qui n'aura pas vraiment d'ordre du jour. C'est un échange avec comme objectif pour la rentrée de préparer des assises avec l'ensemble des professionnels par corporation. La rencontre est ouverte à tous les artistes. Elle tournera autour des préoccupations immédiates des artistes. Le but étant d'être tourné vers l'avenir. Nous voulons aller ensemble. Je considère que c'est très important que toute action que le ministre de la Culture envisage doit se décider avec les artistes. Bien sûr, nous avons une idée vers où nous voulons aller...Nous souhaitons être à l'écoute de ceux qui sont des créateurs, sur le terrain, des gens qui ont un point de vue, des gens qui souhaiteraient partager des idées... Certains regrettent le fait que ces rencontres ne puissent se faire qu'à Alger pénalisant ceux qui habitent loin... Nous sommes au mois de Ramadhan. Ce n'est qu'une soirée de rencontre. Il serait difficile de faire venir beaucoup de gens pendant la période du Ramadhan qui est une période familiale. Nous aussi, d'une certaine manière, nous formons une famille mais disons que c'est à petite échelle que nous allons nous rencontrer, en prévoyant bien évidemment des rencontres professionnelles systématiques pour discuter des problèmes de fond de chaque corporation, qu'on réservera pour la rentrée. Nous avons appris qu'une première liste de membres du Fdatic vous a été soumise. A-t-elle été avalisée? La précédente commission de lecture du Fadtic a pris fin le 30 juin. Nous préparions une autre commission. Evidemment, la prochaine rencontre de dialogue qui aura lieu prochainement avec les cinéastes abordera cette question. La nouvelle liste n'est pas arrêtée. C'est vrai que les anciens ont fait du très bon travail, mais c'est aussi important qu'il y ait du changement. Pour le moment, il n'y a pas encore de liste arrêtée. Actuellement je réfléchis à la constitution de plusieurs commissions dans le sens où il pourrait exister différents fonds qui concerneraient les cinéastes, selon qu'ils aient un ou deux films ou trois. L'idée est de donner la possibilité et la chance à tout le monde de travailler. Il faut qu'il y ait aussi de la transparence. Le travail doit se faire dans un climat de confiance, comme dans un livre ouvert. Mon objectif est que les gens soient tranquillisés. Qu'ils puissent travailler sereinement. Etre créatif chacun dans sa corporation. Parce que les règles du jeu sont claires. Et elles sont applicables à tout le monde. Vous avez déclaré récemment qu' une partie des voûtes de la place des Martyrs d'Alger-Centre est envisagée comme lieu à consacrer aux arts... Pour ce qui est des abattoirs d'abord, il y a l'implantation d'un projet de construction de deux chambres mais le terrain est si vaste qu'il peut y avoir de la place pour tout le monde. Là c'est en concertation avec les personnes de la corporation des arts plastiques et des autres arts afin de réfléchir à tous les endroits qui pourraient servir et pourraient être mieux utilisés. Il y a beaucoup d'infrastructures, certes, mais qui sont sous-utilisées. D'une part, il faut les recenser, mieux les utiliser pour les mettre au service du public, ça c'est très important. Il faut réfléchir aussi à tous les lieux qui peuvent être récupérés pour l'activité artistique. Et je tiens à souligner que la proposition d'accorder une partie des voûtes de la place des Martyrs à l'activité artistique relève de M. le wali d'Alger. Je salue cette initiative et évidemment je m'en réjouis, le fait qu'elle puisse être mise à la disposition des artistes, c'est quelque chose de très bien. Mais nous allons prospecter d'autres lieux encore parce que les associations doivent trouver des lieux où se réunir. Les artistes quelles que soient leurs corporations doivent aussi bénéficier de structures déjà existantes. Ce qu'on fait, c'est juste rationaliser l'existant... Bahia Rachedi disait tout à l'heure qu'elle avait une idée sur votre politique culturelle. Peut-on avoir un aperçu et vos attentes... Je souhaiterai partager cette politique culturelle avec les artistes de tous les domaines et évidemment avec vous les journalistes que je considère comme partenaire. Parce que la culture, à la différence des autres secteurs, est qu'un journaliste aussi participe à l'acte culturel par le travail qu'il fait. Cette vision, j'essaye de la décliner par des actes concrets. Des positions. Par exemple, nous avons pu faire adopter par le gouvernement le fait que le dispositif de l'Ansej soit élargi à l'industrie culturelle. C'est-à-dire que les gens de la culture pourront bénéficier d'un dispositif particulier d'accompagnement. Il s'agira de voir l'industrie culturelle de façon décentralisée aussi et engagée par de jeunes entrepreneurs de l'activé culturelle. Ce sont peut-être des petit cailloux, des actes séparés, mais qui procèdent évidemment d'une vision globale de ce vers quoi nous tendons. Nous voulons réellement que les artistes puisent créer, qu'ils aient leurs statuts, qu'ils soient protégés. J'entends les artistes et les techniciens qui sont par excellence des métiers indépendants. L'accompagnement doit être par conséquent particulier. Et le ministère de la Culture est là pour créer les mécanismes de cette action.