Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sera aujourd'hui à Alger pour une visite de deux jours. M. Le Drian effectuera ainsi sa première visite de travail en Algérie depuis son installation à la tête du ministère de la Défense dans un contexte géopolitique extrêmement tendu en Afrique du Nord et dans la sous-région, avec notamment la persistance du terrorisme au Sahel et la difficulté à réconcilier les Maliens du Nord avec leur gouvernement du Sud. «Elle revêt une très grande importance, on y travaille intensément. Ce sera l'occasion d'un dialogue politique à haut niveau», où seront notamment évoqués «les dispositifs de lutte contre le terrorisme au Sahel» et «la situation au Mali», a indiqué le ministère français de la Défense dans un communiqué. Il est donc clair que les discussions seront axées sur le Sahel en général et le Mali en particulier, où la France, qui est intervenue militairement il y a plus d'une année, peine toujours à venir à bout des groupes terroristes qui, bien que repliés au nord, constituent une menace sérieuse pour les Maliens mais aussi pour les intérêts de la France dans la région. L'opération Serval, déclenchée il y a seize mois, a certes permis de repousser les groupes et de frapper le cœur de leur base terroriste, mais elle n'a pas pu les éliminer. L'appui d'Alger, aussi bien politico-diplomatique que militaire, est vivement sollicité par une France qui ne pourrait pas, ne serait-ce que sur le plan financier, maintenir durablement sa présence militaire renforcée dans ce vaste pays à la frontière sud de l'Algérie. Pour neutraliser la menace terroriste au nord du Mali et trouver un terrain d'entente entre les Touareg du MNLA et le gouvernement central malien, la France a indéniablement besoin de l'apport d'Alger qui connaît parfaitement la nature des groupes terroristes, la géographie et la sociologie de la région. Frontalière avec le Mali, l'Algérie œuvre depuis quelques mois à instaurer un dialogue permanent intermalien. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui a fait une tournée dimanche dernier dans les pays du Sahel, a plaidé pour ce dialogue qui «doit commencer le plus tôt possible». Il a en effet appelé à la «persévérance» dans cette démarche lors de la 3e session du Comité bilatérale stratégique algéro-malien sur le nord du Mali et la réunion de haut niveau des ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel à Bamako. C'est dire que l'Algérie est déjà impliquée dans le processus de règlement de la crise malienne, de sécurisation et stabilisation des pays du Sahel. Elle est courtisée par la France en raison notamment de son expérience en matière de lutte contre les groupes terroristes qui ont comme base arrière ce vaste territoire nord-malien. Ce n'est pas tout. Le renforcement de la coopération militaire, notamment dans le domaine de la formation et de l'échange du renseignement, sera assurément abordé. Une coopération active et intensifiée suite à la signature entre les deux Etats de l'accord de défense en 2008. M. Le Drian, dont la visite précédera celle qu'effectuera au début du mois prochain son collègue du gouvernement Laurent Fabius, sera reçu à l'aéroport par le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah. Il rencontrera ensuite le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Sa visite sera couronnée par une audience avec le président Bouteflika. Une première pour le chef de l'Etat depuis sa réélection le 17 avril dernier.