Les congressmen américains appellent à des élections libres au Sahara occidental. Dans une déclaration conjointe, rendue publique hier, les deux chambres du Congrès américain sont revenues sur le conflit du Sahara occidental, actuellement sous occupation marocaine. D'emblée, la déclaration, dont les auteurs sont les congressmen républicain, Joé Pitts, et démocrate, Donald Payne, conteste toute souveraineté du Maroc sur le territoire sahraoui, indiquant entre autres que le Maroc «a failli à ses engagements internationaux», appelant les Etats-Unis et l'ONU à être plus actifs dans ce contentieux. Revenant sur le fait que certains soutiens du royaume chérifien faisaient valoir que le Maroc «a besoin de maintenir son intégrité territoriale, afin d'empêcher les terroristes de menacer ses frontières», les deux hommes politiques américains estiment que «cette idée est non seulement dévoyée et fausse» mais elle est d'autre part «coupée de la réalité du terrain». Rappelant que Rabat avait accepté, (cf. sous l'égide de James Baker III, aujourd'hui démissionnaire, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan), de «permettre au peuple sahraoui de voter pour son avenir», MM.Payne et Pitts soulignent le fait que «quiconque connaît la situation, sait que le Maroc a failli à ses engagements internationaux, a entamé l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental, et a manipulé la communauté internationale». Aussi, indiquent les deux représentants américains, le but, qui est celui du Maroc, «n'est pas l'intégrité territoriale» mais plutôt «la recherche de l'argent et du pouvoir». Les deux congressmen estiment en effet que le Maroc «a tout à fait le droit de préserver son intégrité territoriale, mais cela ne doit pas se faire sur une terre qui ne lui appartient pas». Relevant que les Sahraouis sont un peuple pacifique et démocrate, soulignant aussi le fait que nombreuses sont les femmes sahraouies faisant partie d'institutions sahraouies élues, Joé Pitts et Donald Payne en appellent aux Etats-Unis et aux Nations unies leur demandant d'être plus activement engagés pour la résolution du conflit sahraoui. Ils relèvent par ailleurs le fait que le Maroc «n'est pas seulement contre le peuple sahraoui, (en refusant à ce dernier le droit à l'autodétermination) mais aussi contre le droit international», en rappelant que la Cour internationale de justice de La Haye (CIJ) avait déjà en 1975, à la demande du Conseil de sécurité de l'ONU, fait valoir qu'il «n'y avait pas de liens légaux ou de souveraineté territoriale» entre le Maroc et le Sahara occidental. Les deux membres du Congrès américain concluent : «Toute décision relative au Sahara occidental doit être prise dans le cadre d'élections libres, justes et transparentes et pas aux dépens d'un peuple qui aime la liberté». Notons que c'est la première fois que le Congrès américain prend position de façon aussi claire dans un conflit qui entre dans sa troisième décennie, le Maroc ayant manoeuvré, durant ces trente dernières années, pour bloquer toute solution équitable donnant au peuple sahraoui le droit de s'exprimer en toute liberté et dans la transparence pour son devenir futur.