La position américaine vis-à vis du conflit du Sahara-Occidental vient d'être clarifiée à la faveur de l'adoption par le Congrès de l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis et le Maroc, intervenu jeudi dernier. Considérant que la souveraineté marocaine sur le territoire sahraoui n'est pas reconnue par les Nations unies, le Congrès américain a décidé d'exclure le Sahara-Occidental de l'accord de libre-échange avec le Maroc. Allié majeur des Etats-Unis ou pas, le royaume chérifien devra donc compter sans les ressources du Sahara-Occidental puisque l'accord de libre-échange ne concernera que « le commerce et l'investissement dans le territoire marocain tel qu'il est reconnu internationalement et n'inclut pas le Sahara-Occidental », a précisé le rapport adopté par la plénière du Congrès. Cette position américaine a été exprimée avec force quelques jours plus tôt par un représentant du bureau exécutif du président George Walker Bush répondant à une requête adressée par le congressmen républicain Joe Pitts. Dans cette correspondance datée du 20 juillet, le représentant des USA pour le commerce, Robert B. Zoellick, a soutenu que : « Les Etats-Unis ainsi que beaucoup d'autres pays ne reconnaissent pas la souveraineté marocaine sur le Sahara-Occidental et invitent les parties à travailler avec les Nations unies pour résoudre le conflit par des moyens pacifiques ». Le positionnement américain est venu ainsi battre en brèche les rumeurs concernant l'existence d'un axe Washington-Madrid-Paris pour un règlement politique du conflit sahraoui. Il constitue surtout un sacré revers aux tentatives du Maroc de légitimer son occupation du territoire du Sahara-Occidental. De plus en plus radicales depuis les récentes sorties du ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier et du Premier ministre espagnol Rodriguez Zapatero, les thèses marocaines ne semblent pas avoir eu d'écho auprès de la Maison-Blanche dont le roi Mohammed VI avait été l'hôte le 7 juillet dernier. Saluant la position américaine, « en concordance avec les principes de la légalité internationale », le Front Polisario a rappelé que le statut du Sahara-Occidental est défini comme celui d'un « territoire non autonome qui fait l'objet d'un processus de décolonisation » et que par conséquent le Maroc qui « l'occupe illégalement n'a aucun pouvoir de souveraineté ». « La portée de la position de l'Administration américaine est d'autant plus importante, qu'en ce moment le Maroc cherche désespérément à légitimer et renforcer son occupation illégale du Sahara-Occidental en proposant de signer à tous vents des contrats d'exploration et d'exploitation des ressources naturelles du Sahara-Occidental, impliquant des compagnies étrangères », a dénoncé dans une déclaration publique Mohamed Sidati, ministre conseiller à la Présidence et représentant de la RASD auprès de l'Union européenne. Ce dernier a rappelé le verdict du secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires légales dans son rapport de janvier 2002, qui indique que « toute exploitation des ressources naturelles du Sahara- Occidental constitue une violation du droit international, et du statut applicable aux territoires non autonomes ». Le responsable du Polisario a lancé, à cette occasion, un appel pressant « à tous les pays et à toutes les entreprises multinationales afin de respecter les principes de la légalité internationale au Sahara-Occidental et de s'abstenir de s'engager dans toute activité pouvant se traduire par leur implication directe ou indirecte dans les territoires occupés du Sahara-Occidental ». M. Sidati a tenu également à attirer l'attention de tous les pays membres de l'Union européenne, liée par un accord d'association avec le Maroc, sur la nécessité de veiller à ce que toutes les transactions se fassent « uniquement dans le cadre des frontières internationalement reconnues du Maroc, et en aucun cas cela n'implique les territoires du Sahara-Occidental indûment occupés par celui-ci ».