L'expérience algérienne contre le terrorisme au service de la Tunisie La Tunisie qui a toujours maintenu sa frontière ouverte avec l'Algérie durant la décennie noire, peut compter sur son voisin pour l'aider dans sa mission de sécurisation des frontières. La Tunisie, ce pays qui a toujours vécu en paix et en bonne aisance, se retrouve aujourd'hui, face à un terrorisme des plus violents. Sa sécurité est menacée au même titre que son développement économique basé essentiellement sur le tourisme. Deux grands axes inhérents ayant été au coeur des débats entre le Premier ministre Abdelmalek Sellal et son homologue tunisien Mehdi Djomaâ qui a effectué une visite avant-hier en Algérie. Le Premier ministre Mehdi Jomaâ s'est rendu à Tébessa à la tête d'une délégation de haut niveau. Il est question de coopération et de coordination dans le domaine militaire. Cette visite intervient quelques jours après le lâche attentat perpétré par un groupe terroriste multinational, composé particulièrement de Libyens, mais aussi de Tunisiens et de quelques nouvelles recrues d'origine algérienne, au mont Chaâmbi causant la mort de 14 soldats tunisiens en opération de ratissage. Un attentat de trop qui a choqué la population tunisienne, alors que celle-ci espérait que la révolution du Jasmin menée contre l'ancien président allait apporter plus de liberté! Un terme pris en otage par les islamistes d'Annahda dirigée par Al Ghannouchi qui a su tirer profit de la situation pour s'imposer sur la scène politique. Mais, surtout, pour offrir cette liberté volée au peuple à la mouvance islamiste qui nourrit l'idéologie wahhabo-salafiste. Certaines mosquées et médias ont été mis à la disposition de ces semblants de djihadistes pour déposséder ce pays de toute sa tolérance et son timbre social, qui reflète naturellement une coexistence entre le peuple avec toute sa composante. Manquant d'expérience, ce pays voisin qui n'a jamais fermé ses portes lorsque l'Algérie vivait ses années de braise, attend beaucoup de l'Algérie en matière de sécurité et de lutte antiterroriste, notamment qu'il vient de prendre conscience que le terrorisme est une véritable arme de destruction, capable désormais d'anéantir tout un pays. La nécessité de renforcer la coopération sécuritaire entre les deux pays, particulièrement au plan opérationnel, pour venir à bout des groupes armés qui se structurent sur les bandes frontalières, relève d'une stratégie impérative. Les tenants et aboutissants de cette stratégie opérationnelle ne seront certainement pas révélés, mais à l'évidence il s'agit d'une consolidation adéquate des moyens humains et matériels, pour renforcer davantage la coopération entre l'Algérie et la Tunisie, notamment en matière de renseignement qui demeure le nerf de la lutte antiterroriste. A ce propos, par son expérience incontestable, l'Algérie a su constituer une banque de données et ne manquera pas d'user de cette matière intelligente pour repousser l'émergence de l'intégrisme et la mettre au profit de son voisin car, à ne pas en douter, la sécurité de la Tunisie est dans l'intérêt de la sécurité de l'Algérie! C'est systématique. Des sources bien informées confient que la question des armes et munitions, a également été évoquée, les groupes terroristes usent pour ce fait du couloir frontalier entre la Tunisie et la Libye pour acheminer l'arsenal vers les maquis terroristes, aussi bien en Tunisie qu'en Algérie via le tracé frontalier de Tébessa. Cette région a été l'objet d'une visite du commandant de la Gendarmerie nationale, le général Ahmed Bousteila, qui à plusieurs reprises, avait donné des instructions fermes pour renforcer la mobilisation militaire, les vols de reconnaissance et a appelé à la vigilance tout en sommant ses troupes de garder l'alerte maximale. C'est à ce niveau aussi, que des investigations sont déclenchées sur la trace d'un réseau de recrutement qui active au profit de Daesh, l'Etat Islamique en Irak et au Levant. L'on redoute effectivement, notamment en Tunisie, le retour de certains terroristes de la Syrie ayant pour mission de renforcer les rangs de cette organisation. Plusieurs terroristes entre autres des Libyens et Tunisiens, ont d'ailleurs été arrêtés par les forces de sécurité comme rapporté dans l'une de nos précédentes éditions et dont les aveux font état d'un projet de recrutement au profit de Daesh, d'où les mises en garde de l'Algérie à l'égard de son voisin. Ce dernier, a enfin pris en considération les avertissements en prenant des mesures sérieuses, d'abord, en procédant à la fermeture de certaines chaînes de propagande au service des salafistes qui n'ont pas manqué d'accuser l'Algérie d'être à l'origine des attentats en Tunisie, ensuite en mettant sous contrôle des mosquées spoliées par l'hydre salafiste. Néanmoins, cette coopération connaît des lignes rouges à ne pas franchir, aussi bien pour l'Algérie que pour la Tunisie qui jouit de sa pleine souveraineté pour prendre des décisions au plan interne. Chacun de son côté, par contre, lancera des opérations coordonnées et ciblées le long des frontières partagées. Ces opérations qui vont s'inscrire sur le long terme vont concerner les maquis infestés par les groupes terroristes sur la province de Kasserine en Tunisie et dans les vallées algériennes Tébessa, mais aussi Biskra. Les militaires de chaque côté de la frontière, procéderont à la constitution d'un dispositif hermétique en resserrant l'étau sur les routes, les chemins et les itinéraires le long du tracé frontalier, pour empêcher les mouvements des terroristes. Cela n'empêche nullement, comme confient encore nos sources, d'introduire de nouvelles donnes dans la stratégie mixte entre les deux pays, afin d'aller plus loin dans la lutte contre le terrorisme, d'une part, et de coopérer pleinement dans le volet lié à la sécurité publique, d'autre part. Entre l'Algérie et la Tunisie ce n'est pas qu'une histoire et une culture, mais une vie commune. En dépit de la situation qui prévaut en Tunisie, les Algériens n'ont jamais cessé d'aller se ressourcer en Tunisie, en été comme en hiver, la destination est toujours la même pour les Algériens qui n'ont pas été séduits et convaincus par les offres de la Turquie. Cette tradition n'est pas prête à changer et l'on compte combattre ce phénomène transnational avec rigueur et détermination.