Le cas de la disparition soudaine de Hassan Hattab peut-être élucidé dans quelques heures. Un quatrième corps en totale décomposition a été découvert, dimanche soir, par les services de sécurité près de l'endroit où ont été abattus, vendredi dernier, l'émir du Gspc, Nabil Sahraoui et trois de ses adjoints. La dépouille aurait été trouvée enterrée à une centaines de mètres de la casemate où se terraient les éléments du Gspc, soit au lieu dit Bourbaâtache, dans la commune d'El Kseur à Béjaïa. Les services de sécurité auraient agi suite aux informations fournies par des repentis, qui ont eu, eux aussi, à séjourner dans la même région. Une fois l'endroit défraîchi, la recherche de la tombe a été entamée pour être découverte en fin de journée de dimanche. Le doute quant à son identité a pris alors le relais. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette découverte, mais la plus plausible serait, cependant, celle liée au corps de Hassan Hattab, dont la mort a été annoncée plusieurs fois mais sans jamais être vérifiée. C'est d'ailleurs à partir d'autres éléments d'information donnés par les repentis que des recherches plus approfondies auraient été décidées par les autorités militaires. Dès son transfert à l'hôpital Frantz-Fanon de Béjaïa, une équipe de médecins légistes a été dépêchée à la morgue de l'hôpital pour procéder à une autopsie du corps afin de déterminer sa véritable identité et lever le doute qui a toujours persisté sur la mort de l'ex-dirigeant du Gspc. Jusqu'à hier, le doute planait toujours quant à l'identité du corps découvert en état de décomposition très avancé. L'équipe médicale travaille d'arrache-pied dans l'accomplissement d'une entreprise dont les résultats sont plus qu'importants pour l'avenir de la lutte antiterroriste. La piste privilégiée reste toujours celle de Hassan Hattab. Ce dernier aurait été liquidé par Okacha El Para pour permettre à Nabil Sahraoui de prendre les commandes du Gspc. A l'heure où nous mettons sous presse, l'équipe poursuit l'analyse de la dépouille pour en déterminer avec exactitude l'identité. A ce titre, on parle même de recourir à l'analyse d'ADN, jugée nécessaire dans pareil cas. Si l'expertise médicale confirme qu'il s'agit bel et bien du cadavre de Hassan Hattab, le problème sécuritaire posé, depuis plusieurs mois, par sa soudaine disparition, serait enfin élucidé. Il y a un peu plus d'un mois, L'Expression donnait en exclusivité l'information de sa liquidation physique, menée par un groupe d'ultras du Gspc, dont faisaient partie Nabil Sahraoui dit Abou Ibrahim Mustapha, et Abi Abdelaziz dit Okacha El Para (L'Expression n°1 045 du 11 mai 2004). Cette information a été récoltée auprès d'un ancien du Gspc, qui activait dans les maquis kabyles à Jijel, avant de déposer les armes et réintégrer la vie civile. Selon ce repenti, Hassan Hattab a bel et bien été tué. «Je l'ai vu de mes propres yeux, inanimé dans une mare de sang, tué de plusieurs balles tirées à bout portant dans la tête et le thorax. Cela s'est passé il y a quelques mois à la suite d'une prise des commandes par les ultras du Gspc, principalement le groupe de l'Est, appuyé par des chefs tels Amari Saïfi, Nabil Sahraoui et Abi Abdelaziz.» Cette information se vérifiait depuis janvier 2004, après la signature des communiqués du Gspc par Abou Ibrahim Yahia, et accessoirement par Abou El Haythem ou Abderezak El Para, qui venait alors empiéter sur les plates-bandes d'un autre chef, Mokhtar Belmokhtar. Cette exclusion de Hassan Hattab était d'autant plus injustifiée qu'elle concernait l'émir fondateur, le chef de guerre et la figure emblématique du Gspc. Dix jours après l'information donnée par L'Expression, nous recevions la première surprise : un communiqué d'une extrême virulence, et signé par Nabil Sahraoui en personne, est faxé à notre rédaction. La mise au point (une première dans les annales du Gspc) disait ceci : «Hattab a présenté sa démission au comité décideur du Gspc (« Ahl el hal wal akd ») de son propre chef, et devant son refus de revenir sur sa décision, il a été décidé à l'unanimité de l'élection d'Abou Ibrahim Mustapha au poste de nouvel émir du Gspc.» Loin de convaincre, le texte, violent dans ses termes et dans sa rhétorique, éludait toujours le sort réservé à Hattab, car il faut convenir que tous les hommes du Gspc, disséminés à travers le territoire national n'allaient pas recevoir la nouvelle de la mise à mort de leur chef le sourire aux lèvres, d'autant plus que les redditions des «sériate» (sections armées, ndlr) de l'Est (Jijel, Collo, Skikda, etc.) se faisaient à un rythme continue. Les médecins légistes dépêchés des laboratoires aux fins de dire si oui ou non il s'agit de Hattab renseignent sur l'importance donnée par l'état-major de l'ANP à l'information. Car si elle se confirme, c'est pratiquement tout le commandement opérationnel du Gspc qui est décimé, avec tout ce que cela induit comme de conséquences.