La «fin des émirs» marquera profondément la stratégie de communication du groupe salafiste. Le nouvel émir du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) a été désigné trois jours après la mort de Nabil Sahraoui, dit «Abou Ibrahim Mustapha», et six de ses proches lieutenants dans le ratissage mené par l'armée appuyée par la Gendarmerie nationale. La réunion n'a pu regrouper l'ensemble des chefs de zones, restés confinés dans leur aire d'activité par le rigoureux maillage sécuritaire, mais s'est tenue avec la présence de chefs de la zone 2 (la Kabylie) qui constitue la région opérationnelle et des délégués et autres officiers juridiques des zones. Cette réunion pour la désignation de l'émir obéit à la loi organique immuable du Gspc contenue dans la «charte» («el-mithaq») et qui stipule que le groupe salafiste «en cas de décès, de capture, de maladie, ou d'un quelconque motif qui empêche l'émir de continuer à exercer ses fonctions, le conseil de «Ahl el-hal wel-akd» (sorte de conseil des sages, qui a des prérogatives plus élargies que l'émir lui-même) doit désigner le nouvel émir de la djamaâ dans les trois jours qui suivent». Le 20 juin 2004, un communiqué de l'état-major de l'armée confirmait la mort de sept chefs du Gspc dans deux attaques simultanées de l'ANP à Bourbaâtache et Fenaïa, sur les hauteurs de Béjaïa. Le communiqué de l'état-major de l'armée donnait les nom des chefs abattus dont Nabil Sahraoui, Khettab Mourad, Droukbel Abdelmalek et Abi Abdelaziz, soit les principales têtes pensantes du Gspc. La «fin des émirs» marquera profondément le Gspc. Première conséquence: une rétention de l'information, après avoir tenté de donner l'impression par différentes publications de livres et opuscules, par la diffusion de cassettes audio et vidéo et la création de deux sites internet de bonne facture, d'être une organisation qui fait de la communication et l'information, la priorité de ses soucis. Le dernier communiqué en date est celui qui revendique l'attentat contre la centrale électrique d'El-Hamma. Mais le nom du nouveau chef est passé sous silence. De fait, on peut penser que c'est le chef de la zone 2 et de l'Algérois, «Yahia Abou El-Haythem», alias Abdelhamid Saâdaoui, qui prend provisoirement les commandes en attendant la réunion de tous les chefs de zones pour ratification ou changement à la tête de l'organisation. Le statut de «provisoire» est privilégié par le Gspc à chaque fois que la désignation est faite dans la précipitation et n'a pas encore eu le consensus de tous. La mystérieuse disparition de Hassan Hattab (nous avons parlé de sa liquidation physique par les ultras du Gspc) la capture d'Amari Saïfi et la mort de Nabil Sahraoui ont été autant de motifs pour tenir désormais secret le nom de l'actuel chef, afin de ne pas l'exposer à la fixation des forces de sécurité. De toute évidence, le nom d'Abdelhamid Sahraoui sort largement du lot. C'est lui qui était seul à signer, même du vivant de Hattab et Sahraoui, les communiqué de la zone 2, la zone opérationnelle et véritable QG du groupe salafiste. Membre fondateur du Gspc, âgé de 38 ans, il présente toutes les caractéristiques du nouveau chef qui a connu la création du Gspc, la fin du GIA, la mort de ses chefs, l'implantation des réseaux et le nom des cellules actives ou de soutien dans la Kabylie et l'Algérois.