C'est l'instrument de la paix et de l'amour à travers les siècles. Il incite notamment les hommes à poser les armes et mettre la main dans la main pour que règne la paix dans leur pays. Le groupe Imzad s'est produit dans la nuit de mercredi dernier au Museum Lounge Bardo dans le cadre d'une soirée conviviale acoustique, en donnant à écouter un son bien mélodieux, même si parfois monotone, mais essentiellement spirituel et profond. Un spectacle unique alliant les chants traditionnels du désert au blues d'un monde à part. Cet hymne à l'imzad, clairsemé de messages d'amour et de paix, fait appel à une féerie liant la légende entre la tradition et la modernité avec un ensemble d'artistes qui a permis aux présents de voyager dans les confins du désert. «Il s'agit de montrer aux gens l'histoire et la musique imzad. Si on chante la poésie de l'imzad en utilisant une guitare, c'est pour le montrer à la nouvelle génération, pour ne pas laisser ce patrimoine mourir. Le langage a un sens. Le répertoire qui est joué sur l'instrument de l'imzad par des femmes est spécial. C'est l'instrument de la paix et de l'amour à travers les siècles. Il Evoque notamment l'enfant qui est parti en guerre, mais jamais n'est revenu. Mais aussi pour inciter les hommes à poser les armes et mettre la main dans la main pour que règne la paix dans leur pays. On chante aussi le climat, la chaleur, la sécheresse, et les mauvaises conditions de vie dans le sud. (...) Nous sommes de Tamanrasse, on a été en Suisse, Genève, On a tourné en Europe... L'imzad est l'âme de la musique du Sud. Il n'y a que la femme qui peut en jouer. D'habitude on est avec le batteur, mais on a préféré faire une soirée acoustique», nous confiera un des musiciens du groupe. La formation s'est produite dans le jardin du Musée, en plein coeur de ce joyeux architectural, non loin de ces arbres colorés, baignant ainsi dans une ambiance nocturne des plus détendues et agréables du Ramadhan. Le lendemain, le groupe accompagné cette fois du batteur a donné un autre concert exceptionnel au chapiteau du Hilton lors d'une soirée organisée par Well Sound by Moblis et ce, à l'occasion de la veille du 27ème jour du Ramadan. Ce concert a été donné au profit du grand public certes, mais état destiné aussi à l'Association nationale des trisomiques qui oeuvre pour accompagner les enfants trisomiques dans leur insertion sociale. Une association qui existe déjà dans 11 wilayas à travers le pays. Le groupe Imzad, ce sont les enfants spirituels de Bob Marley, Tinariwen, Ali Farka Touré, John Lee Hoker ou encore Mark Knopfler dont ils adorent la tablature de guitare dit-on. Les musiciens de l'imzad jouent leur musique sous plusieurs déclinaisons, du tindi, tindi ganga, jermani, taghanibt, jakmi (tazaanghareht) ou encore du aliwen. Et les membres de l'imzad définissent bien leur son: «L'imzad est aux Touareg, ce que l'âme est au corps, la guitare est notre moyen d'expression.». La chanson titre Oulh n'Ahaggar exprime un souffle poétique allégorique et hyperbolique. Un appel du coeur: «Le coeur de l'Ahaggar est grand/ tout le monde reconnaît sa grandeur par la grâce de Dieu/ il est ouvert à tous/ nos ancêtres nous ont laissé cet amour, notre plus beau trésor/ le coeur de l'Ahaggar appelle le monde de l'amour...». Fort heureusement l'imzad fait partie maintenant du patrimoine à sauvegarder puisque les pratiques et savoirs liés à l'imzad ont été inscrits à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) le 04 décembre 2013.