Du côté de la composante de cette assemblée, les choses ne sont pas reluisantes. Une nouvelle fois, hier, les représentants du peuple au sein de l'APW ne sont pas arrivés à un compromis. Ce résultat donne au wali, qui a reçu en aparté les deux parties du conflit, la possibilité de proposer la dissolution. La réunion tenue à huis clos dimanche, après trois ajournements et qui selon des sources proches de l'APW, a abouti à la satisfaction de la principale exigence des protestataires, en l'occurrence la destitution des présidents-adjoints et des présidents des six commissions, a repris lundi et sera déterminante. Si les 21 refusent l'adoption de l'ordre du jour, alors nous serons dans les dispositions prévues par l'article 44, à savoir «un grave disfonctionnement dans la gestion de l'APW» et le recours à la dissolution peut être envisagé comme issue. C'est alors l'unique moyen réglementaire pour faire partir l'actuel président qui ne fait plus l'unanimité. Comme nous l'avons rapporté dans nos précédentes éditions, la troisième tentative de réunion de l'Assemblée populaire de wilaya a avorté. A la différence des deux précédentes, celle de dimanche a vu la présence de 38 élus sur 39. D'emblée, le président tente de donner l'impression d'une session ordinaire en multipliant les tête-à-tête et les sourires. A peine la séance déclarée ouverte, le premier accroc oppose un élu, fervent défenseur de l'article 12, relatif à l'utilisation de l'arabe dans les interventions à son collègue qui était intervenu en français. L'intervenant d'obédience FFS, qui cachait mal sa colère, opte pour une explication en tamazight, l'autre langue nationale comme il le précisera. Pendant plus d'une heure, les appels à la raison seront échangés et friseront parfois des leçons de morale. Un élu PT, proche de l'aile du président décrié, ira jusqu'à proférer des insultes envers ses collègues en traitant leurs propositions d'actions «infantiles». La tension monte et frôle le pire. Le hic est qu'aucun des vice-présidents concernés par l'action menée par les 21 n'a osé remettre son mandat, mais tous ont insisté sur les répercussions néfastes d'une pareille situation sur le développement de la wilaya. Devant la pression exercée par le groupe majoritaire des 21 élus protestataires, le président suspend la session pour une concertation. L'ordre du jour est rejeté pour être remplacé par un autre qui porte sur la réorganisation de l'exécutif de l'Assemblée. Une session à huis clos est retenue pour l'après-midi. Les 21, qui ont la loi de leur côté, sont décidés à aller jusqu'au bout. On évoque même le recours à l'article 44 des statuts de l'Assemblée qui prévoit en cas de distorsions graves dans le fonctionnement, la dissolution de l'auguste assemblée. La gravité n'est pas encore à ce niveau, mais l'opiniâtreté du président peut entraver davantage la situation. Pour conclure et en attendant les décisions de la réunion «secrète», mot utilisé plusieurs fois par le président de l'APW en lieu et place du huis clos, nous dirons que Bouira méritait mieux. L'impasse vers laquelle se dirige la structure populaire risque de freiner sensiblement l'essor de la wilaya. Hier, nous avons appris que devant l'impossibilité de trouver un dénouement, la réunion a été une nouvelle fois reportée jusqu'à dimanche prochain. Le recours aux reports laisse dire à beaucoup que la composante de l'APW montre ses réelles ambitions. Comment un président lâché par ses pairs peut-il continuer à gérer sans aucun souci? s'interroge un élu. Pour rappel, l'actuel président n'a récolté que 17 suffrages parmi les 112 votants FLN, son parti, lors du choix du second sénateur. Là déjà, la preuve était faite que l'actuel président d'APW n'avait plus la cote. Les 21 élus protestataires issus des diverses formations siégeant, à l'exception du FFS, exigent le départ des vice-présidences, élus du FFS et de l'aile FLN, proche de Benflis. Le bras de fer qui oppose les deux parties désignées par le groupe des 17 et des 21 est une réelle entrave au développement de la wilaya. Des dossiers comme celui de l'hydraulique qui avait fait l'objet d'un report, nécessite une prise en charge immédiate. A l'approche des fortes chaleurs, les dossiers des grands ouvrages comme Tilesdit et Koudiet Asserdoun sont une priorité du moment. La wilaya qui a connu plusieurs phases de perturbations, n'a pas besoin d'une pareille situation qui incombe avant tout aux personnes, pour ne pas dire à une personne.