A l'origine de ce mouvement, une liste contestée des bénéficiaires de logements. Jusqu'à 13 h, hier, le siège de la daïra de Bouira était entouré par des centaines de manifestants, la cité Aïnouche barricadée et les accès obstrués...La tension était à son comble, hier, au niveau du chef-lieu de la wilaya de Bouira. La liste des bénéficiaires de logements suite à des opérations d'éradication des habitations précaires, de recasement des occupants de la cité Aïnouche Hadjila et l'attribution de logements publics locatifs sont à l'origine de cette situation. Au total 736 logements ont été attribués dont 179 pour le recasement, 500 dans le cadre du social et 57 logements dans le cadre de la résorption des haouchs. Dès l'annonce de la liste à 6 h du matin, des centaines de citoyens ont occupé les alentours du siège de la daïra pour exprimer leur étonnement et leur colère. Nombreux étaient ceux qui ont contesté la liste dans sa globalité. «On n' a pas affiché la liste comme le stipule la loi. Ils ont jeté un pavé dans la mare et sont partis en congé». Sur place, seul le chef de daïra a essayé de recevoir les contestataires en les invitant à faire des recours. «C'est une astuce pour nous faire taire», nous confiera un citoyen de cette cité. D'autres citeront des noms de personnes, qui selon eux, ne méritent pas. «Une dame qui louait son logement de la cité Evolutive a bénéficié de trois logements, alors que d'autres résidant depuis plus de 40 ans ont été exclus des listes», nous dira un autre habitant de cette cité. Les personnes venues de la cité Ecotec concernées par le quota social parleront d'une personne venue de Réghaïa, résidant depuis moins de six mois et qui a bénéficié d'un appartement. Les cas étaient nombreux, mais avaient un dénominateur commun: «Cette liste a avantagé les plus déméritants», nous diront plusieurs contestataires. Nous n'omettrons pas le cas d'un citoyen qui pleurait à chaudes larmes et criait à la face d'un service d'ordre qui, une nouvelle fois, se retrouve à subir la colère du peuple quand les responsables se dérobent et fuient leurs responsabilités. Vers 10 heures, les premières actions de rue avaient commencé au niveau de la cité Aïnouche où des pneus avaient été brûlés et l'accès obstrué par des manifestants. Même scène au niveau de la cité Sorecal où des jeunes ont occupé l'entrée de la cité en menaçant de semer le désordre, si ces listes venaient à être confirmées. Pour avoir la version des autorités, toute la matinée nos tentatives pour joindre le maire et le chef de daïra sont restées vaines. Au moment où nous mettons sous presse, la situation est toujours tendue et le risque d'un embrasement d'actualité surtout que les manifestants sont déterminés. Un citoyen nous a interpellé pour nous demander de porter ces revendications en haut lieu. «Nous habitons dans un haouch, la moitié des occupants figurent sur la liste, alors que l'autre moitié n'a pas été concernée par le relogement. Nous ne quitterons pas les lieux et le haouch ne sera pas démoli», insistera notre interlocuteur. Un autre venu d'Ouled Bouchia sera plus direct. «Ils ont relogé leurs amis et amies. Moi et mes sept enfants vivons dans une pièce, mais j'ai été écarté de la liste.» Pour un autre encore, la procédure qui exige qu'on informe les non-bénéficiaires par courrier motivé, n'a pas été appliquée, ce qui rend cette opération caduque pense notre interlocuteur. Beaucoup ne croient pas aux recours. «En 2006, on nous a logés dans un appartement avec une autre famille. Depuis, nos recours sont restés lettre morte. Aujourd'hui, je revis la même situation», nous dira, énervé, ce jeune père de trois enfants et vivant avec une famille étrangère à la sienne. Le fait aussi d'opérer trois formes différentes d'attribution suscite des appréhensions. «Pourquoi la commission n'a pas réalisé chaque opération seule?» s'interroge un citoyen rencontré devant le siège de la daïra qui était surveillé par un impressionnant cordon de policiers.