Ali Aoun appelle l'Etat à s'impliquer davantage dans son rôle de régulateur du marché. Connu pour ses péripéties tant «occultes» qu'incessamment convoitées par les uns et les autres, le marché national du médicament, en dépit, d'un certain dynamisme dont le groupe Saidal est le moteur principal, continue à faire les frais de pratiques illégales dont sont coupables nombre d'opérateurs. Chose qui contredit, en permanence, la volonté politique pourtant ressassée à moultes reprises par les pouvoirs publics, afin de remettre sur les rails ce secteur d'activité, générateur d'emplois et de richesses. Ali Aoun, P-DG de Saidal tire la sonnette d'alarme et appelle les pouvoirs publics à s'impliquer davantage pour protéger la production nationale en réduisant, à cet effet, l'ampleur grandissante des importations anachroniques et «éminemment» commerciales. Outre les conséquences souvent fâcheuses sur les produits Saidal, l'importation excessive, menace sérieusement l'économie du pays. Car, selon le premier responsable de Saidal, qui s'exprimait, jeudi à Annaba, lors d'un séminaire sur le partenariat, organisé par le club de la presse de l'entreprise, l'Etat débourse, pour l'importation des médicaments une enveloppe budgétaire d'environ 342 millions de dollars dont 75% sont des produits «spécialisés» qui, le plus grave, n'illustrent même pas les principales tendances des besoins de la population. De plus, 30% de la somme est surfacturée, selon M.Aoun. Un constat à partir duquel ce dernier, est manifestement révolté, leur activité est, ni plus ni moins, une opération de transferts de devises à l'étranger. Tout en avouant l'indispensable importation, celui-ci souhaite toutefois que l'Etat joue son rôle de régulateur, afin comme il n'a cessé tout au long de son intervention de le répéter, d'«importer utile». Autre grief : il s'agit de l'épineux problème du remboursement des médicaments dont sont exclus, d'après l'intervenant, 28 produits de l'entreprise publique, au moment où figure, en revanche, dans la liste de remboursement, une grande partie des produits importés, d'où le boycott, par les citoyens, des produits locaux. Les prix de référence, pratiqués au niveau de la Caisse nationale d'assurance sociale (Cnas) est, à en croire les accusations de M.Aoun, la raison principale de cette situation. 45% représentent les produits importés et les «spécialités» alors que la logique fait que, au contraire, la grande part soit réservée aux génériques, localement produits. L'autre coupable est le Comité technique du remboursement (CTR) contre lequel l'orateur cache mal son courroux : «Les membres de cette instance, censée servir la production nationale, entretiennent des relations assez spéciales avec la nomenclature», et d'ajouter : «Les enfants de nombre d'entre eux [les membres du CTR] travaillent comme délégués médicaux pour le compte des laboratoires en question». L'ordre du jour étant le partenariat, ce dernier est revenu sur les contrats engagés par Saidal avec des laboratoires aussi bien nationaux (privés) qu'étrangers comme Aventis, Pfizer...pour ne citer que ces deux exemples. Quant à l'ouverture du capital aux partenariat, M.Aoun soutient l'idée, initiée par le gouvernement, via le CPE, et fait savoir qu'il faut aller très vite dans cette démarche qui a pour but d'ouvrir 80% du capital de Saidal au privé : «Le médicament est l'affaire du privé. L'Etat doit avoir son rôle de régulateur» a-t-il résumé.