Deux unités de Saidal sont menacées de fermeture et l'facture du médicament atteindra 1 milliard de dollars à la fin de l'année. «Surstockées, deux unités de production du groupement Saidal sont menacées, durant le mois d'août, de fermeture si l'Etat ne daigne pas remettre de l'ordre dans le domaine de l'importation.» La mise en garde, formulée par le P-DG de Saidal, le week-end dernier à Annaba, est lourde de sens. Elle laisse entrevoir les zones d'ombre et les pratiques illicites qui continuent, à ce jour, à essaimer le marché national du médicament dont Saidal, faut-il le souligner, est le premier grand producteur. Selon Ali Aoun, les «barons» de l'importation, encouragés par le laxisme, voire, dans certains cas, la complicité de l'administration, inondent le marché par des produits n'illustrant pas forcément la demande et qui, de surcroît, figurent sur les listes de remboursement de la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) contrairement à nombre de produits Saidal, frappés par une exclusion aux desseins très souvent occultes. Une situation qui encourage le citoyen malade à acquérir des médicaments étrangers au détriment des produits locaux. Le diktat des «barons» Sur un autre front, M. Ali Aoun se plaint de la taxe «excessive» de 45% infligée par son entreprise à l'importation de la matière première au moment où celle exercée sur les médicaments importés ne dépasse pas 20%. Cela dit, M.Aoun nuance les conséquences du «parasitage» ma-licieusement orchestré par les «trabendistes» du médicament, mais appelle, entre-temps, les pouvoirs publics et à leur tête, le ministère de la Santé, à jouer leur rôle de régulateur et par-là même de protecteur de la production locale, dont le gouvernement Ouyahia fait une priorité dans son programme d'action. Saidal, rassure son patron, a fait, pour l'année 2003, bonne figure, avec un chiffre d'affaires de 3 250 milliards de DA.Rebondissant sur le sujet, M.Aoun, met en garde contre les dangers encourus si les pouvoirs publics persistent dans cette voie. La facture de l'importation des médicaments a coûté au budget de la tutelle, pour les quatre premiers mois de l'année en cours, 342 millions de DA. «C'est une catastrophe pour l'économie nationale» a-t-il martelé. Le même chiffre devra, à en croire ses prévisions, être multiplié, d'ici la fin de l'année, pour atteindre un milliard de DA. Un chiffre qui traduit, selon lui, la mainmise des importateurs et les pratiques illégales dont ils font montre régulièrement. Ces mêmes opérateurs mettent sur le marché 128 médicaments pourtant produits localement, et par Saidal de surcroît. : «Comme en Tunisie, il faut que l'Etat interdise l'importation des produits manufacturés par des opérateurs locaux, si l'on tient à la promotion du médicament local», a-t-il poursuivi comme pour rappeler, à tout le monde, les engagements pris, à cet effet, par le gouvernement. Une action qui réduira de 26% le taux de la facture réservée à l'importation. Car, estime le patron du premier opérateur national du médicament, 75% des produits importés sont produits en Algérie d'où l'urgence de mettre, une fois pour toutes, un terme à cette hémorragie farouchement néfaste pour l'économie nationale et le marché du médicament de façon particulière. «Il faudrait donc commencer à réorganiser la manière avec laquelle sont distribués les passeports d'importation» propose M.Aoun, afin aussi d'en finir avec ces «tranbendistes» qui, pour renflouer leurs caisses, commercialisent un seul produit, ne serait-ce qu'une seule fois dans l'année. Le comble est qu'il existe pour la fourniture en médicament à une seule wilaya, 60 opérateurs. A la lumière de cette réalité qui, à vrai dire, ne prête guère à l'enthousiasme, s'avère la difficulté dans laquelle évolue la production nationale du médicament, pilotée notamment par le «robuste» groupement de Saidal. Entre le diktat des magnats de l'importation et le laxisme des autorités publiques, Saidal se trouve ainsi, dans une position très délicate bien que la santé économique de l'entreprise publique affiche des indices largement positifs. L'insuline : premiers tests en décembre Si M.Aoun confirme l'avancée de la mise en place de l'usine consacrée exclusivement à la production de l'insuline dans la capitale de l'Est, Constantine, avec notamment l'installation des appareils de production, il n'en demeure pas moins que le projet en question a été, d'après lui, mis, par les mêmes «cercles occultes» dans une situation pas tout à fait confortable. Il s'agit, à cet effet, pour le P-DG de Saidal, de démentir la rumeur dont l'initiateur serait un ambassadeur à Alger, à propos de la remise en cause de l'existence même de l'unité de l'insuline et l'incapacité de celle-ci à produire le médicament qui couvre 2,5 millions de personnes atteintes du diabète en raison de sa «complexité». «Bien au contraire, la fabrication de l'insuline est beaucoup moins complexe par rapport à d'autres médicaments que nous produisons», a-t-il rétorqué en expliquant l'ampleur prise par cette cabale, montée de toutes pièces contre Saidal, par l'acharnement des barons de l'importation, soucieux à coup sûr de préserver intacts les dividendes qu'ils continuent à récolter dans un marché caractérisé par une anarchie déconcertante. Vu sa portée stratégique et les bénéfices générés par ce créneau indéniablement porteur, la production de l'insuline assurée exclusivement, par le groupement Saidal demeure, de l'avis du «premier pharmacien» du pays, l'une des actions sur lesquelles reposera, entre autres, toute la politique de l'entreprise. Les machines actuellement installées, il ne reste plus qu'à entamer les premiers tests de production que M.Aoun a annoncés pour la fin du mois de décembre 2004. En clair, Saidal est plus que jamais décidée à mener à terme ce projet qui coûte annuellement aux caisses de l'Etat 15 millions de dollars. Une première dans les annales de la production pharmaceutique nationale que le gouvernement est appelé notamment à encourager et si, nécessité il y a, à protéger. Une action pour laquelle le P-DG de Saidal n'a de cesse de plaider.