Le fleuron national des produits pharmaceuti-ques traverse une crise sans précédent actuellement. L'entreprise qui vit une instabilité managériale avec un directeur général intérimaire sans réelles prérogatives et qui se contente de gérer les affaires courantes après le départ surprise de son prédécesseur Rachid Zaouani, voit sa production ralentir -voire s'arrêter- pour certaines de ses unités en raison d'un problème d'approvisionnement en matières premières, très perturbée par l'entrée en vigueur de la lettre de crédit documentaire comme mode de paiement exclusif des importations. Les unités de Saidal seraient toujours opérationnelles uniquement grâce aux stocks. Dans quelques mois, ce groupe ne pourra plus assurer ses besoins en intrants. Saidal fait également les frais d'une application laxiste de la fameuse directive du ministère de la Santé relative à l'interdiction des médicaments déjà produits localement. En réalité, plusieurs entreprises d'importation ont obtenu du ministère des dérogations pour importer des produits inscrits sur la liste en question. Cette liste se rétrécit comme une peau de chagrin -au grand dam des producteurs algériens- dont Saidal, qui se retrouvent de nouveau asphyxiés par la concurrence déloyale des importations. D'ailleurs, malgré toutes les mesures visant à réduire la facture des dépenses en médicaments, les importations de ces produits n'ont connu qu'une légère baisse de 6,53%, passant de 1,86 milliard de dollars en 2008 à 1,74 milliard en 2009. Selon de nombreux observateurs, les délais impartis aux producteurs nationaux pour prendre le relais des importateurs sont trop courts pour leur permettre d'adapter leurs outils de production à cette nouvelle donne. Certains producteurs locaux avouent recourir à l'importation de produits semi-finis et de faire le conditionnement en Algérie afin d'amortir les pertes et le coût des autres produits et équilibrer par ricochet leur trésorerie. Saidal fait partie de ceux-là. Pourtant, le gouvernement avait affiché une volonté ferme de soutenir l'industrie pharmaceutique nationale en mettant en place des garde-fous visant à protéger la production nationale et à réduire une facture d'importations qui augmentait d'année en année. Karim Djoudi, ministre des Finances, avait même annoncé en novembre dernier -que l'Etat allait consacrer une enveloppe de 230 millions de dollars- soit 16 milliards de dinars au redressement de Saidal. Grâce à cette enveloppe, l'entreprise pouvait souffler et même lancer un plan d'investissement qui lui permettrait de réaliser un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars et être à la hauteur des attentes du gouvernement en matière d'approvisionnement du marché en médicaments et produits pharmaceutiques. Le groupe Saidal est composé de 7 unités de production, dont trois sont situées à Alger, une à Cherchell, une à Médéa, une autre à Constantine, et deux autres, respectivement à Annaba et à Batna. Doté de 56 lignes de production qui fabriquent la majorité des formes pharmaceutiques, le groupe possède des capacités de production estimées à 200 millions d'unités. En 2008, cette entreprise a vendu 132 millions de boîtes. Avec un chiffre d'affaires de 10 milliards de dinars, Saidal détient pas moins de 33% de parts du marché national. Le marché algérien des médicaments, évalué à près de 159 milliards de dinars (2,35 milliards de dollars) en 2008, devrait atteindre les 209 milliards de dinars (2,94 milliards de dollars) en 2013, soit un taux de croissance annuel de 5,62%.