Le président afghan Hamid Karzaï a exhorté hier les deux prétendants à sa succession à mettre fin au plus tôt à leur différend sur les résultats de la dernière élection afin de stabiliser le pays menacé par l'insurrection taliban. L'Afghanistan est politiquement paralysée depuis le premier tour de la présidentielle d'avril, suivi par un second tour en juin qui n'a pas réussi à départager hors de tout doute les rivaux Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani. Afin d'écarter les risques d'instabilité politique, les deux candidats ont signé début août, sous le regard du secrétaire d'Etat américain John Kerry, u accord pour un gouvernement d'unité nationale peu importe le vainqueur de la présidentielle. M.Ghani, un Pachtoune du sud du pays, et M.Abdullah, dont les appuis sont concentrés dans le nord, peuplé par les Tadjiks, se sont aussi engagées à accepter les résultats du scrutin après l'audit en cours des 8,1 millions de bulletins de vote. Mais cet audit complexe avance à pas de tortue et les risques de désaccord entre les deux rivaux persistent, notamment sur la question épineuse de l'invalidation des votes frauduleux et sur le détail précis de la mise en oeuvre d'un gouvernement d'union nationale. «J'espère que nous resterons unis... afin que le pays puisse aller de l'avant dans la paix et la prospérité», a déclaré hier M.Karzaï lors d'un discours marquant le 95e anniversaire de l'indépendance de l'Afghanistan. «J'espère que les résultats de l'élection seront annoncés bientôt, car le peuple les attend impatiemment», a-t-il ajouté. «Et j'espère que nos deux frères.. parviendront rapidement à un accord afin que l'Afghanistan soit bientôt dirigé par un gouvernement inclusif n'abandonnant personne», a souligné M. Karzaï, au pouvoir depuis la fin 2001 et à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat. La communauté internationale, et en particulier les Etats-Unis, principaux bailleurs de fonds de l'Afghanistan, s'inquiète des risques d'instabilité politique dans le pays menacé par l'insurrection des taliban, à quelques mois du retrait des forces de l'Otan prévu en fin d'année. Les observateurs craignent que les insurgés taliban profitent d'un regain de tension entre les Tadjiks et Pachtounes, rappelant les pires heures de la guerre civile des années 1990, pour gagner du terrain.